mercredi 12 mai 2010

Un marabout polygame menace d'enlever sa fille

REIMS (Marne). Aude Haslé craint de voir sa fille être remise entre les mains de son père. Celui-ci l'aurait promise en mariage et aurait menacé de l'exciser en Guinée.

ELLE dort mal. Et depuis plusieurs semaines, le quotidien d'Aude Haslé ressemble à un mauvais feuilleton. C'est en 2002 que sa vie bascule.
« Attirée » par les Africains, elle rencontre celui qui deviendra son futur mari. Il est de nationalité guinéenne (Guinée-Conakry), arrive en France avec des papiers portugais, pays dans lequel il a passé plusieurs années. Aude et Sékouba Diaby se marient à Reims. Au bout de quelques jours seulement, l'entente du couple se fissure.
« J'ai bien senti qu'une fois l'acte de mariage obtenu, les relations n'étaient plus les mêmes. Avec le temps, je me suis résignée. Il s'était marié avec moi pour avoir des papiers. Un mariage gris. » Effectivement, dans la foulée, le Guinéen obtiendra un droit de résidence en France pour dix ans. De temps en temps, Sékouba revient voir sa femme à Reims. Le couple se voit en moyenne trois semaines par an. De cette union naît tout de même dans le courant de l'année 2005, une petite fille.
Trois épouses en Guinée

« Il n'est pas venu assister à l'accouchement. Je ne l'ai revu que trois semaines plus tard. Pour « purifier sa fille », il lui a coupé les cheveux. Il m'a dit que chez lui, on faisait ça pour purifier l'enfant de sa mère. »
Un constat de médecin atteste cet acte effectué sur le nourrisson. Le lendemain de cet événement, Aude décide de prendre ses distances, elle ne veut plus voir son mari approcher sa fille. Elle craint pour sa sécurité. Une cousine de celui qui est encore son époux l'appelle et la prévient.
« Sa cousine m'a conseillé de me méfier, de ne jamais le laisser seul avec ma fille. Elle-même avait été excisée et ne voulait surtout pas que cela arrive à ma fille. »
En 2006, Sékouba Diaby part pour un de ses nombreux voyages. Il est rentré en Guinée pour quelques semaines, dans sa famille.
Aude Haslé décide d'avoir des explications sur ces voyages incessants. Elle fouille dans les affaires de son mari et trouve un numéro de téléphone. Elle le compose et tombe sur une femme qui lui certifie qu'Aude ne peut pas être la femme de Sékouba puisqu'elle est elle-même mariée avec lui.
Tout comme deux autres femmes guinéennes d'ailleurs. Son mari aurait déjà trois enfants dans son pays d'origine. La coupe est pleine. Trompée et délaissée, Aude demande le divorce. Il est prononcé en faveur de la femme sans la présence de son mari, toujours en Afrique.
D'ailleurs, ce dernier ne recevra jamais les papiers stipulant la décision de la justice française. Rentré en France, Sékouba Diaby cherche à revoir sa fille. « Il m'a dit à plusieurs reprises, en 2007 puis en 2008 et devant témoins, qu'il arriverait à ses fins. Ça me fait très peur. De plus, mon ex-compagnon a été entendu par la police pour des faits d'escroquerie sur personnes vulnérables. Il se présentait comme un marabout. On croit rêver. »

La justice devra trancher

Les fins de son ex-compagnon, quelles sont-elles ? Aude Haslé ne le sait pas exactement. Ce qui est certain en revanche, c'est que sa fille était d'ores et déjà promise en mariage en Guinée.
« Nous étions à peine mariés et mon mari était reparti en Guinée. Je voulais le joindre. J'ai eu un autre membre de sa famille au téléphone qui m'a demandé comment se portait sa future femme. Je lui ai fait répéter, il a réitéré sa demande. C'était bien de ma fille qu'il parlait. Sans que je ne le sache, mon mari l'avait promise à un homme alors qu'elle n'avait qu'un an. Et c'est bien pour cela que j'ai peur de le revoir autorisé à passer du temps avec ma fille. » Depuis octobre en effet, Sékouba Diaby a été autorisé par la justice rémoise à voir sa fille dans un centre fermé, au pont de Witry, à raison de deux séances mensuelles de six heures.
Beaucoup trop pour la mère d'une enfant qui se fait désormais suivre par un psychologue. Les visites vont officiellement prendre fin très bientôt.
Les juges rémois devront dire si oui ou non cet homme pourra continuer à voir sa fille.
L'Union de Reims

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