mercredi 12 mai 2010

Le rapport accablant de la Cour des comptes pour le système scolaire français

Une école qui favorise les inégalités et traite mal l'échec scolaire. Le constat de la Cour des comptes, qui rendait public son rapport sur le système scolaire français ce mercredi, est sans concessions. Et repose sur une enquête de deux ans, menée auprès de spécialistes mais aussi sur le terrain, dans 60 établissements de six académies (Aix-Marseille, Bordeaux, Clermont-Ferrand, Orléans-Tours, Montpellier, Paris et Versailles). Afin d'offrir un point de vue comparatif, les cas de l'Ecosse, de l'Espagne et de la Suisse ont également été étudiés.

Le titre du rapport, «L'éducation nationale face à l'objectif de la réussite de tous les élèves», pose d'emblée le problème: la France a loupé, selon la Cour des comptes, le défi qu'elle avait à relever, à savoir la «démocratisation» de son système scolaire.

Forte inégalité entre les élèves
Si le rapport reconnaît que le pays a su faire face à l’accroissement massif des effectifs d’élèves entre 1960 et 1990, il pointe une stagnation du niveau de formation depuis et une incapacité à enrayer l'échec scolaire. Surtout, acteurs et experts constatent que la France a une «spécificité, au sein des pays développés», à savoir «une très forte inégalité dans les résultats des élèves». Et ce malgré un budget très important consacré à l'Education nationale - près de 53 milliards d’euros en 2010.

En cause, selon les résultats de l'enquête de la Cour des comptes, un modèle d'organisation beaucoup trop archaïque, «adapté à une période où seule une minorité d’une classe d’âge - 20% en 1970 - suivait tout le parcours de l’enseignement scolaire et obtenait le baccalauréat». Il tend, du coup, à privilégier les élèves sans difficultés particulières.

Réformes indifférenciées
Le rapport décrit ainsi une administration centralisée, qui fonctionne toujours selon la loi de l'offre et non de la demande, et propose d'en haut des réformes indifférenciées sur tout le territoire. Exemple: la récente mise en place de deux heures de soutien individualisé hebdomadaire dans tous les établissements, qu'ils soient prestigieux ou confrontés à de graves difficultés.

La Cour des comptes préconise ainsi d'adapter davantage les politiques éducatives et les moyens qui leur sont alloués à la réalité socio-culturelle des établissements, replaçant ainsi les enseignants et les élèves au coeur du dispositif. Le trop grand nombre de redoublements, auxquels le ministère consacrer environ deux fois plus de moyens qu'à l’éducation prioritaire, est aussi dénoncé.

Augmenter le budget de l'école primaire
La Cour recommande également d'augmenter le budget de l'école primaire, qui reçoit le moins de financements publics par rapport au lycée, «alors que c’est précisément à ce niveau qu’il convient de commencer à lutter contre les carences scolaires les plus graves».

Le rapport insiste enfin sur la nécessité pour le ministère d'évaluer régulièrement toutes les politiques et actions éducatives ainsi que leur coût afin d'«effectuer les arbitrages nécessaires» entre les nombreuses réformes menées depuis plusieurs années.
20minutes

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