L'hébergement "très dégradé", la pénurie d'activités et la
violence au centre pénitentiaire des Baumettes à Marseille
provoquent des conditions de détention "inhumaines", s'alarme le contrôleur des
prisons dans des
recommandations urgentes rendues publiques jeudi.
Le constat dressé par la vingtaine de contrôleurs qui ont
visité du 8 au 19 octobre la prison fait apparaître "une violation grave des
droits fondamentaux", écrit le Contrôleur général des lieux de privation de
liberté (CGLPL), Jean-Marie Delarue. Il en est ainsi dans deux cellules : la
lumière ne marche pas faute d'ampoule, la chasse d'eau est "quasi inexistante",
le réfrigérateur infesté de cafards, araignées et cloportes pullulent, le sol et
le mur sont sales, il n'y a "pas de quoi s'asseoir, pas de table".
"Depuis deux ans, les rats pullulent"
"Sur un échantillon soigneusement examiné par le contrôle de 98
cellules, les contrôleurs en ont trouvé seulement neuf n'appelant aucune
observation sérieuse", malgré des différences sensibles entre elles, dit M.
Delarue. Dans le reste du bâtiment, l'électricité est défaillante, "trois ou
cinq douches sur dix fonctionnent dans des salles de douche crasseuses", "depuis
deux ans, les rats pullulent", y compris en journée obligeant les surveillants à
faire leurs rondes "en tapant des pieds", les déchets sont déplacés à bras
d'homme.
"L'insalubrité et l'absence d'hygiène sont consubstantielles à
la plus grande partie de l'établissement" et notamment la maison d'arrêt des
hommes (quatre bâtiments) qui compose les Baumettes avec un centre pénitentiaire
pour femmes, un centre pour peines aménagées et un centre de semi-liberté. Avec
1.769 détenus pour 1.190 places au 1er octobre le taux de surpopulation est de
145,80 %.
Un budget en baisse
Constat notable : la prison de Marseille étant l'une des rares
de la région en gestion publique, elle "subit le contrecoup" de ce que beaucoup
d'autres, en gestion privée, aspirent les dépenses de l'administration
pénitentiaire qui doit respecter les contrats passés avec les opérateurs privés.
Résultat : - 26% en deux ans pour les crédits de maintenance
courante aux Baumettes, - 58 % pour le budget "hygiène et propreté des détenus"
entre 2011 et 2012, passage de 204 à 169 du nombre d'emplois offerts et baisse
des rémunérations : "La pénurie d'activités est caractéristique de
l'établissement".
La seule "activité" est la promenade qui n'est pas de tout
repos en raison de la violence qui règle dans l'établissement, selon le
contrôleur Le texte rappelle que les travaux de reconstruction du centre
pénitentiaire pour femmes et de la maison d'arrêt pour hommes vont commencer en
2013, mais "ce projet laisse intacte la maison d'arrêt des hommes", note le
contrôleur qui utilise pour la seconde fois cette procédure d'urgence.