mardi 22 juin 2010

La Biélorussie coupe le gaz à l'Europe

Le bras-de-fer qui oppose Minsk et Moscou a un sérieux air de déjà-vu pour l'Europe. Deux pays qui s'affrontent sur des questions de paiement de factures de gaz, et des Européens assistant de loin, en spectateurs impuissants mais néanmoins directement intéressés, à un conflit qui risque de les priver d'une partie de leur approvisionnement en gaz... Cette fois pourtant, les acteurs sont un peu différents : dans le rôle du pays de transit prêt à couper les vannes à l'Europe, on trouve, non plus l'Ukraine, mais la Biélorussie, autre pays par lequel passe une partie du gaz russe destiné à l'Europe. Le conflit a atteint un paroxysme ce mardi avec la décision de la Biélorussie, annoncée dans des termes presque guerriers par son dirigeant, d'arrêter officiellement le transit du gaz russe vers l'Europe. "Les déclarations des dirigeants russes humilient le peuple biélorusse. Ce n'est pas la Biélorussie qui a une dette envers Gazprom, c'est Gazprom qui en a une envers la Biélorussie", a lancé le président Loukachenko lors d'une rencontre avec le chef de la diplomatie russe Sergueï Lavrov.
Ce coup d'éclat répondait à la décision de Gazprom de réduire ses exportations de gaz vers la Biélorussie - un procédé que le géant gazier russe a déjà expérimenté lors de son différend avec l'Ukraine. Avec des conséquences similaires : la Biélorussie, voyant ainsi se réduire drastiquement (la baisse atteignait 30% mardi) les livraisons destinées à sa consommation nationale, tout en continuant à devoir faire transiter le gaz destiné à l'Europe, avait menacé dans un premier temps de ponctionner une partie de ce combustible - avant l'annonce, mardi, d'une coupure totale des livraisons aux pays de l'UE.

Les plus menacés : Lituanie, Pologne et Allemagne

L'Union européenne, dont 20% des importations de gaz russe transitent par la Biélorussie et le reste par l'Ukraine voisine, a convoqué lundi à Bruxelles une réunion de crise entre experts européens et russes pour évaluer toute conséquence éventuelle de ce conflit. Les Européens avaient déjà subi en janvier 2009 une interruption de deux semaines des livraisons russes, en raison d'un conflit entre Moscou et Kiev. Les conséquences prévisibles de cette coupure devraient affecter en premier lieu la Lituanie, très dépendante de ces fournitures, avant d'atteindre, de manière atténuée, la Pologne et l'Allemagne.

Régulièrement confrontée à des problèmes d'arriérés de paiement de Minsk, la Russie lui avait donné jusqu'à lundi pour s'acquitter de sa dette gazière accumulée depuis le début de l'année et qui atteint selon Gazprom 192 millions de dollars. De son côté, Minsk réclame à Moscou 217 millions de dollars pour le transit de gaz vers l'Europe. Gazprom a reconnu lundi l'existence d'une dette d'un montant "comparable" à l'ardoise biélorusse, sans donner la date de son règlement. Le gouvernement biélorusse a promis lundi de payer son ardoise d'ici deux semaines, ce qui n'arrange pas Moscou.

Mais pour la presse russe, cette nouvelle guerre du gaz s'explique en bonne partie par le refus de la Biélorussie d'adhérer à une union douanière menée par Moscou. "La démarche biélorusse contre l'Union douanière a été la dernière goutte pour le Kremlin (...) Le président Medvedev semble en avoir assez de la formule argent contre promesses de l'amitié éternelle", commentait le quotidien populaire Moskovski Komsomolets.
http://lci.tf1.fr/economie/conjoncture/2010-06/la-bielorussie-coupe-le-gaz-a-l-europe-5895480.html

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