dimanche 20 juin 2010

Anelka viré, Evra part à la chasse au "traitre"

Nicolas Anelka a été exclu samedi du groupe France après un conseil de discipline tenu au camp de base des Bleus. Cette décision a été prise car le joueur a refusé de s'excuser pour ses propos tenu à l'encontre de Raymond Domenech.
Ce 19 juin 2010 restera probablement dans les mémoires comme le jour où les Bleus ont (vraiment) touché le fond, avec l'affaire Anelka. Le joueur a été exclu samedi du groupe France après un conseil de discipline tenu au camp de base des Bleus, a annoncé samedi la FFF. Cette exclusion fait suite à son altercation avec Raymond Domenech, mais la décision a été prise car le joueur a refusé de s'excuser pour ses propos, selon la FFF. "Informé tard dans la soirée de vendredi de l'incident grave survenu durant la mi-temps du match France-Mexique, le président de la Fédération, Jean-Pierre Escalettes a demandé à Nicolas Anelka, en présence du capitaine Patrice Evra, de présenter des excuses officielles à l'opinion publique Française ainsi que de regretter ses propos devant Raymond Domenech, le staff et les 23 joueurs de l'Equipe de France", précise un communiqué de la FFF.
"Devant le refus du joueur de se livrer à des excuses publiques, il a pris la décision en plein accord avec le sélectionneur et les membres de la délégation officielle présents à Knysna d'exclure Nicolas Anelka du groupe. Ce dernier quittera dès ce samedi soir le camp de base de l'Equipe de France", poursuit le communiqué. "Les propos tenus par Nicolas Anelka à l'encontre du sélectionneur national Raymond Domenech sont totalement inacceptables pour la FFF, le football français et les valeurs qu'ils défendent", dénonce aussi ce communiqué.

"Ok, tu sors"

Toute la journée, une atmosphère bizarre a régné sur le camp de base des Bleus. Anelka était absent de l'entraînement, mais l'encadrement se bornait à dans un premier temps à dire qu'il était resté "à l'hôtel" des Bleus. On évoquait alors simplement une "réunion entre joueurs, staff, et président" sans préciser le sujet. Mais, en fait, c'est la bombe publiée par l'Equipe qui était au coeur de cette réunion de crise. Selon le journal daté de samedi, Anelka aurait lancé au technicien national à la mi-temps de France-Mexique: "Va te faire enculer, sale fils de pute". Le quotidien raconte que le sélectionneur n'avait pas prévu de remplacer Anelka, en dépit de sa pauvre prestation, mais souhaitait "juste qu'il arrête de décrocher en permanence, de dézoner à volonté". L'avant-centre de Chelsea conteste, Domenech menace de le remplacer. L'insulte aurait alors fusé. "Ok, tu sors", aurait répliqué Domenech, sous le regard médusé des autres joueurs. Anelka finira le match sur le banc.

Toute la journée de samedi, la presse et les fans ont attendus la version de "l'accusé". L'attaquant a fini par prendre la parole, affirmant que les propos rapportés par le quotidien sportif L'Equipe ne sont pas les siens, dans un entretien exclusif accordé au quotidien France-Soir. "Je tiens à préciser que les mots qui sont sortis dans la presse ne sont pas mes mots", dit Anelka. "J'ai eu certes une discussion houleuse avec le sélectionneur mais elle s'est déroulée dans le secret du vestiaire, entre le coach et moi, devant mes partenaires et le staff. Cela n'aurait jamais dû sortir du vestiaire. Je ne sais pas à qui cela peut faire du bien de répandre de telle choses mais certainement pas aux Bleus", explique le joueur. "Mon but n'a jamais été de déstabiliser l'équipe de France, une institution que je respecte. J'accepte mon exclusion de l'équipe de France et je souhaite bonne chance aux Bleus contre l'Afrique du Sud. J'ai beaucoup de respect pour l'équipe de France, j'ai également beaucoup de respect pour tous mes coéquipiers sans exception, j'insiste là dessus".

Evra: "Eliminer le traite"

Lors de la conférence de presse des Bleus, qui s'est tenue en début de soirée, Jean-Pierre Escalettes et Patrice Evra ont confirmé l'altercation mais eux aussi assuré que les propos rapportés par L'Equipe n'avaient pas été tenus. Le capitaine des Bleus, visiblement marqué par ce clash mais aussi très ennervé, s'en est pris au "un traitre" qui donne des informations à la presse. "Je suis vraiment très touché parce qu'après le match contre le Mexique, on avait déjà un gros problème et là on en rajoute. On oublie de parler football quand on est en équipe de France. Le problème de l'équipe de France n'est pas Anelka mais le traître qui est parmi nous. Il faut éliminer ce traître du groupe. Il n'y a pas une petite souris dans le vestiaire. Cela vient de quelqu'un qui est dans le groupe et qui veut du mal à l'équipe de France. On ne va pas se mentir, le journaliste n'a pas inventé ça comme ça", a-t-il ajouté. (La conférence de presse en intégralité, c'est par ici)

L'affaire a pris une telle ampleur samedi que Nicolas Sarkozy a tenu à réagir, avant les précisions d'Anelka dans France Soir. "Si les événements qui ont été rapportés ce matin par la presse sont exacts, ils sont inacceptables. Inacceptables", a déclaré le président lors d'une conférence de presse à Saint-Pétersbourg. "Pour le reste, je fais confiance à la ministre des Sports Roselyne Bachelot pour que les conclusions soient tirées de cet échec et que les mesures soient mises en oeuvre pour que la France du football puissent être à nouveau pleine d'espérance", a ajouté Nicolas Sarkozy.

L'affaire va-t-elle se politiser ?

La ministre des Sports avait été la première à réagir samedi matin, condamnant sans le citer les propos attribués à Nicolas Anelka. "La très forte pression qui pèse sur les Bleus n'autorise pour autant aucun dérapage", écrivait la ministre des Sports dans un communiqué. "Les joueurs doivent se rappeler qu'ils portent les couleurs de la France et qu'ils sont considérés comme des modèles par beaucoup de jeunes. Cela les oblige à la retenue et à la dignité". Elle a estimé samedi soir dans le 20h de TF1 que la Fédération française de football avait "pris la bonne décision" concernant le renvoi de Nicolas Anelka et qu'elle réunirait à leur retour responsables et joueurs pour "tirer les leçons". De nombreuses personnalités du football, dont les anciens sélectionneurs Gérard Houiller et Michel Hidalgo ont aussi jugé le comportement de Nicolas Anelka inacceptable.

Pour l'UMP, Dominique Paillé estime que "l'équipe de France, qui est pour un grand nombre de nos enfants, de nos jeunes, une structure modèle, ne peut pas accepter en son sein des gens qui se livrent à de telles attaques et à de telles insultes. C'était totalement déplacé, quoi qu'on pense de Domenech, et je suis pour ce qui me concerne très peu indulgent à son encontre". Pour le Nouveau Centre, François Rochebloine, "si les propos injurieux prêtés à Nicolas Anelka sont bel et bien confirmés, son exclusion de l'équipe de France est bien la seule réponse possible à un manque de respect inadmissible à l'égard de son entraîneur. Porter le maillot tricolore est un honneur et un privilège qui impose le respect d'un code de conduite. Les propos de Nicolas Anelka, tels que rapportés par la presse, sont aux antipodes des valeurs que doit véhiculer le sport". Quelques membres du gouvernement en déplacement avec Nicolas Sarkozy en Russie ont également livré leur opinion sur l'affaire, dont les répercutions ne font que commencer...
http://lci.tf1.fr/monde/afrique/vire-5886126.html

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