samedi 5 juin 2010

Flottille: Troublantes révélations

L'armée israélienne a arraisonné samedi le Rachel-Corrie, un cargo humanitaire irlandais en route pour Gaza. Selon les autorités israéliennes, l'opération s'est déroulée sans heurts. Mais l'attaque de la flottille lundi - qui a fait neuf morts - continue de faire scandale. Et ce d'autant plus que le Guardian révèle samedi que les victimes ont reçu 30 impacts de balles, souvent tirées de près.
Les autorités israéliennes avaient prévenu: aucun bateau ne serait autorisé à forcer le blocus imposé depuis trois ans à la bande de Gaza. L'armée est passée à l'action samedi, en arraisonnant le cargo humanitaire irlandais Rachel-Corrie. "C'est un nouvel acte impudent de piraterie israélienne en haute mer", a commenté Kevin Squires, coordonnateur national de la Campagne de solidarité Irlande-Palestine, dont l'un des membres se trouvait à bord du bateau. Escorté par la marine israélienne, le navire est arrivé dans la soirée à Ashdod, en Israël. Les dix-neuf personnes à bord devaient être rapidement expulsées du pays, précise la police du pays.

Dans un communiqué, l'armée israélienne assure par ailleurs "qu'il n'y a pas eu de violence ni de blessé parmi les soldats ou l'équipage, car le recours à la force n'a pas été nécessaire et qu'aucun coup de feu n'a été tiré". Même son de cloche du côté du Premier ministre israélien, Benjamin Netanyahou, qui écrit, dans un communiqué: "Nous avons vu aujourd'hui la différence entre un bateau de pacifistes, avec lesquels nous sommes en désaccord mais dont nous respectons le droit à une opinion différente de la nôtre, et un navire de haine organisé par des extrémistes turcs adeptes du terrorisme."

Des balles tirées à moins de 45 cm
Du côté des autorités israéliennes, la rhétorique n'a donc pas changé: la violence de l'attaque contre la flottille en début de semaine s'explique par l'attitude violente de ses passagers. Mais les révélations du Guardian samedi viennent un peu plus jeter le doute sur la version israélienne des événements. Selon les résultats des autopsies des neuf victimes, pratiquées en Turquie, 30 impacts de balles ont été relevés sur leurs corps, souvent tirées de près. Cinq d'entre eux ont succombé à des blessures au niveau de la tête, ajoute le quotidien britannique. Fulkan Dogan, qui possédait la double nationalité turque et américaine, présentait lui cinq impacts de balles tirés à moins de 45 centimètres, au visage, à l'arrière du crâne, sur une jambe et dans le dos. Outre les neuf morts, 48 personnes ont été blessées par balles et six activistes sont toujours portés disparus.

A l'étranger, le ton monte. Navi Pillay, haut commissaire des Nations unies aux droits de l'Homme, a dénoncé le blocus imposé à la bande de Gaza. "Le droit humanitaire international interdit comme méthode de guerre d'affamer les civils (...), tout comme de leur imposer des sanctions collectives", a-t-elle déclaré. Washington avait également estimé vendredi que le blocus israélien était "intenable" et devait être "changé". En attendant, la Maison blanche précise que les Etats-Unis travaillent "dans l'urgence avec Israël, l'Autorité palestinienne et d'autres partenaires internationaux pour concevoir de nouveaux modes d'acheminement de marchandises et d'assistance à Gaza". Face à la colère du monde, l'Etat hébreu pourrait accepter de modifier les conditions de l'embargo sur Gaza. Benjamin Netanyahou pourrait décider d'impliquer la communauté international dans un embargo sur les armes, laissant entrer les autres marchandises à Gaza
http://www.lejdd.fr/International/Proche-Orient/Actualite/Flottille-Troublantes-revelations-198286

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