vendredi 18 juin 2010

Il joue dans la rue : sa guitare confisquée!

Doit-on attendre le jour de la Fête de la musique (lundi prochain) pour faire de la musique? Alessandro Centolanza se pose la question. La semaine dernière, cet Italien de 25 ans — qui parcourt la France à vélo depuis deux mois pour assister à différents festivals de jazz — s’est fait confisquer sa guitare par la police dans le Ve arrondissement où il faisait la manche.
Une sanction immédiate pour un « tapage diurne gênant la tranquillité des riverains ».

C’était le 10 juin, en fin d’après-midi, à l’angle de la rue de la Huchette et de la rue Xavier-Privas. Parti de Milan avec 800 € en poche, Alessandro s’était installé dans ce quartier (pas forcément le plus silencieux de Paris) pour gratter sa six-cordes acoustique et tenter de gagner quelques euros. La manche a tourné court à la demande de deux policiers en civil.

« Je jouais depuis moins de dix minutes, j’avais fait 10 centimes… Deux types m’ont demandé d’arrêter », raconte Alessandro dans un français mal assuré. Petit moment d’incompréhension. « Quand on joue dans la rue, il y a toujours des gens qui vous parlent. J’ai pas fait attention et j’ai continué à jouer. Alors, ils ont sorti leur carte de police. Ils n’étaient pas agressifs. Juste un peu, comment dit-on, cow-boys. »

Une petite blague d’Alessandro ne va pas arranger les choses. Les policiers lui demandent s’il est gitan. « J’aimerais bien », répond le fan de jazz manouche, un grand sourire aux lèvres. Direction le commissariat du Ve. Alessandro en est ressorti au bout d’une heure et demie. Avec une contravention pour tapage diurne (un PV de catégorie A dont le montant est fixé par le tribunal de police) mais sans sa guitare! L’instrument de musique a été saisi par les policiers comme le permet l’article R 1337 du Code de la santé publique consacré aux nuisances sonores. « Les personnes coupables des infractions (de tapage) encourent la peine complémentaire de confiscation de la chose qui a servi ou était destinée à commettre l’infraction », stipule l’article sans préciser les modalités de restitution. « Ce sera au tribunal d’en décider », résume un policier en soulignant que cet article est très rarement utilisé pour les musiciens de rue.

Alessandro doute de récupérer un jour sa guitare. « Un policier m’a dit d’attendre six mois, un autre que la guitare était sans doute déjà à la poubelle… » Le musicien amateur (qui a emprunté un instrument à un ami pour financer la fin de ses vacances) repartira à Milan la semaine prochaine, sans doute sans sa guitare. « La seule fausse note de mon séjour ici », plaisante-t-il.
http://www.leparisien.fr/paris-75/paris-75005/il-joue-dans-la-rue-sa-guitare-confisquee-18-06-2010-968654.php

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