dimanche 12 septembre 2010

PÉDOPHILIE - "L'Église belge a rencontré son affaire Dutroux"

L'Église catholique belge est dans la tourmente. L'une de ses figures, l'évêque de Bruges, a dû démissionner pour avoir violé son neveu pendant treize ans, tandis que son supérieur hiérarchique a refusé d'exiger sa démission. Cette affaire est loin d'être un cas isolé. Un rapport publié vendredi 10 septembre met en lumière des centaines d'actes de pédophilie commis par des ecclésiastiques.


Ce document accablant de la Commission pour le traitement des plaintes pour abus sexuels dans une relation pastorale, mise en place au premier semestre 2010 par l'Église, publie 124 témoignages d'anciennes victimes de viols et autres actes pédophiles graves. Les deux tiers proviennent d'hommes, le reste de femmes. L'âge moyen des victimes est de douze ans. Pour certains, les faits ont été subis dès l'âge de 5 ans, voire 2 ans. Aujourd'hui, la plupart ont entre 50 et 60 ans. Tous relatent leur douleur et leur désarroi. "L'Église a rencontré son affaire Dutroux, affirme le pédopsychiatre Peter Adriaenssens, responsable du rapport. Ces gens sont des survivants, qui sont toujours en souffrance." Certains n'ont pas supporté : la Commission évoque 13 cas de suicide "en relation avec l'abus sexuel d'un prêtre." La plupart des cas présentés dans le rapport font l'objet d'une prescription. Et un agresseur sur deux serait aujourd'hui décédé.


La presse accusée "d'assassinat moral"

Sans attendre, l'évêque de Tournai, chargé de la question de la pédophilie au sein de l'Église belge, a réagi : "C'est extrêmement grave. On se rend compte qu'on était tout à fait mal informé et que l'on ne savait pas la gravité des choses, ainsi que le fait que ces victimes étaient blessées à vie", affirme Guy Harpigny. Cette réactivité tranche avec l'attitude du cardinal Danneels. Des enregistrements publiés sur deux pages dans le journal flamand De Standaard montrent que l'ancien primat de l'Église belge a voulu étouffer une grave affaire de pédophilie. Le bourreau s'appelle Roger Vangheluwe, évêque de Bruges à l'époque de l'enregistrement, réalisé à l'insu de tous par sa victime, son neveu, régulièrement violé par le prélat quand il avait de 5 à 18 ans. En avril 2010 - un quart de siècle plus tard -, la victime réclame auprès du cardinal Danneels une forme de réparation, même minime : la démission de son violeur.


Réponse du chef de l'Église : "Il vaut mieux attendre l'année prochaine, quand il sera naturellement amené à se retirer." La victime insiste. C'est un minimum. Réponse de Danneels : "C'est humiliant. Les gens finiront par savoir. Il sera dans de sales draps." Plus encore, le cardinal propose à la victime : "Vous pourriez aussi demander pardon, et vous repentir...". Dans une première réaction, le cardinal accuse la presse "d'assassinat moral". Quelques jours plus tard, il se livre à un timide mea culpa : "J'ai manqué de respect et de compassion. J'aurais dû demander sa démission." Monseigneur Vangheluwe pourrait faire l'objet d'un procès canonique
http://www.lepoint.fr/monde/pedophilie-l-eglise-belge-a-rencontre-son-affaire-dutroux-10-09-2010-1234937_24.php

Aucun commentaire: