dimanche 19 septembre 2010

Du rififi à la mairie de Paris : la gestion Delanoë prise pour cible

"Irrégularités dans les créations d'emploi et les recrutements", coût salarial jugé bien trop élevé des 20 directeurs généraux les mieux rémunérés : la gestion des ressources humaines de la ville de Paris est dans le collimateur de la Chambre régionale des comptes. Dévoilé jeudi, ce rapport porte sur la période qui court de 2002 à 2010. Il a aussitôt dégénéré en controverse politique : Valérie Pécresse, présidente du groupe UMP au conseil régional d'Ile-de-France a estimé que ces "irrégularités constatées" étaient, "par les montants en jeu, un affront pour les Franciliens qui peinent à joindre les deux bouts, plus particulièrement en période de crise". Selon elle "ce rapport pointe les dérives d'une mauvaise gestion et rappelle la nécessité d'une plus grande transparence de l'utilisation de l'argent public". Elle a invité "l'exécutif régional (de gauche) à lever le voile de l'opacité et à se soumettre dans les meilleurs délais au contrôle de la Chambre régionale des comptes".

Jean-Didier Berthault, porte-parole du groupe UMP au conseil de Paris, a estimé pour sa part auprès que ce rapport "ne fait que confirmer les multiples interrogations que nous avons depuis le début de la mandature sur l'inflation des emplois au cabinet du maire et dans les cabinets de ses adjoints". Le porte-parole, exigeant "une totale transparence", a demandé à "auditionner une seconde fois Maïté Errecart, adjointe du maire de Paris en charge des ressources humaines, pour la mission d'information sur les personnels de la ville que l'UMP conduit actuellement au conseil de Paris".

Ce que pointe la Chambre régionale des comptes

Dans le détail, selon ce rapport d'observations définitives transmis récemment aux conseillers de Paris, "177 emplois de chargés de mission sont déclarés pourvus, alors que leur création n'a pas été autorisée par le conseil de Paris". Pour les collaborateurs de cabinet, "les 132 postes pourvus dépassent le nombre des emplois régulièrement autorisés (...), soit 129". La Chambre régionale des comptes rappelle que "lorsque le maire recrute pour son cabinet, les fonctionnaires doivent être affectés sur des postes de collaborateurs de cabinet. Or l'examen de la gestion des emplois de direction a mis en évidence que ce sont des emplois permanents et non des postes de collaborateurs de cabinet qui ont servi de support au recrutement de cadres au cabinet du maire". Ainsi, "le directeur de cabinet a été recruté sur un emploi de secrétaire général adjoint de la commune", ce qui lui a permis de toucher une haute rémunération, dont une "prime départementale" de 30.000 euros.

Le rapport souligne en outre qu'il "n'existe pas de direction générale, mais seulement des directions". Par conséquent, "il ne devrait donc pas y avoir d'emploi de directeur général, mais seulement des emplois de directeurs". La Chambre régionale des comptes chiffre à 1,8 million d'euros le coût de cette anomalie. Elle constate que des fonctionnaires, nommés délégué ou délégué général, ont été détachés sur des emplois de directeur ou directeur général alors qu'ils n'en "remplissent aucunement les fonctions". Trois d'entre eux sont "rémunérés en dépassement de l'autorisation donnée par le conseil de Paris".

L'équipe Delanoë contre-attaque

Le rapport dénombre 10 directeurs adjoints au 31 décembre 2008, "recrutés sans emplois budgétaires correspondants", "avec dans certains cas des compléments indemnitaires". Il relève que malgré la disparition de la questure du conseil de Paris et de ses particularismes, les emplois de secrétaire général et de secrétaire général adjoint des services du conseil de Paris "ont été maintenus", alors que ce "sont des services administratifs comme les autres". La chambre dénonce la "dénaturation de la prime départementale", qui coûte aujourd'hui près de 13 millions d'euros, contre 5 millions en 2002, à cause de l'extension du nombre de bénéficiaires mais aussi des hausses accordées à l'encadrement supérieur. La prime du secrétaire général de la commune est ainsi, actuellement, de 40.000 euros.

La mairie de Paris, pour sa part, se justifie. Elle avait déjà répondu aux critiques de la Chambre régionale des comptes, Bertrand Delanoë assurant "qu'en aucun cas des emplois permanents de la collectivité n'ont été détournés au profit du cabinet" et soulignant que "depuis 2001, le directeur de cabinet ne bénéficie plus d'avantages en nature" (logement, véhicule) et que son "détachement sur un emploi de secrétaire général adjoint ne contrevient à aucune règle". Réagissant en outre aux propos de Valérie Pécresse, l'entourage du maire a "dénoncé l'exploitation fallacieuse et même caricaturale" faite d'un rapport "qui souligne au contraire qu'à Paris la part des personnels dans les dépenses de gestion est de 10 points inférieure à la moyenne des autres collectivités". Et d'ajouter cette pique : "Puisque Mme Pécresse semble lancer un appel à la transparence, ce que nous avons fait nous dès 2001 en rompant avec les pratiques qui prévalaient quand ses amis dirigeaient cette ville, qu'elle veille à ce que ce principe s'applique d'abord aux cadres dirigeants de l'Etat, notamment aux directeurs de cabinet des ministres, puisqu'on a là un domaine où l'opacité est totale
http://lci.tf1.fr/politique/2010-09/du-rififi-a-la-mairie-de-paris-la-gestion-delanoe-prise-pour-cible-6071432.html

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