mardi 14 septembre 2010

Fillon trouve que le cabinet de MAM fuit un peu trop

Toujours une pluie de critiques, de la gauche à l’extrême droite, contre le «cafouillage», voire l'«effondrement moral» de l’exécutif, ce mardi, au lendemain des accusations d’espionnages lancées par le Monde contre l’Elysée. Et, en prime, le recadrage fracassant, par François Fillon, de Michèle Alliot-Marie.

Le Premier ministre s'est en effet payé sa garde des Sceaux - souvent citée parmi les premiers ministrables - ce matin, lors de la réunion à huis clos des députés UMP. Il y a déploré «les fuites répétées émanant du cabinet de la garde des Sceaux», qui sont «contraires à la législation». Rappelons qu'en l'occurrence, la fuite de trop est attribuée à David Sénat, magistrat, conseiller pénal de MAM et tout récemment mis sur la touche.

«La République ne peut pas accepter» que soit «violé le secret de l'enquête, a appuyé Fillon selon des participants. Que les journalistes recherchent, c'est normal. On ne peut pas laisser un magistrat violer le secret de l'enquête. Quelle République accepterait cela?»

«C’est sans aucune preuve
La petite phrase lancée sur le cabinet de MAM a surpris salle Colbert. «C'était très dur, très violent cette charge contre MAM», commente un élu UMP. «Quand on connaît un peu François, on sait qu'il ne dit jamais rien au hasard. Cette phrase n'en prend que plus de poids», ajoute un autre.

D’autant que la majorité, pendant ce temps, est priée d’ograniser la contre-attaque. Démenti formel du côte de l’UMP: «Tout ce qui a été dit, écrit par le journal Le Monde, c’est sans aucune preuve», récuse le secrétaire général, Xavier Bertrand, rappelant que «l’Elysée a démenti, il n’y a pas eu intervention de l’Elysée».

Le président de l’Assemblée nationale Bernard Accoyer (UMP), adopte la même stratégie, arguant que les accusations de violation du secret des sources sont «avancées sans la moindre preuve». Et quand bien même... Accoyer trouve «bien normal qu’un ministère, un gouvernement, les pouvoirs publics veillent au fonctionnement normal des institutions» en diligentant des enquêtes pour s’assurer du «respect des règles», notamment «le devoir de réserve» des fonctionnaires.

«On s’asseoit sur l’Etat de droit»
A gauche, en revanche, où l’on avait déjà réagi vivement après la sortie du Monde, on continue à enfoncer le clou. La première secrétaire, Martine Aubry, pointe «une atteinte supplémentaire au bon fonctionnement de l’Etat de droit» si les faits étaient avérés: «On change de République. On s’asseoit sur l’Etat de droit, on s’asseoit sur la loi, et donc il faut que toute la lumière soit faite», demandait-elle, en sortant de la réunion hebdomadaire du groupe PS à l’Assemblée. «Ca ne tourne plus rond au sommet de l’Etat», déplore son prédécesseur à la tête du parti, François Hollande, appelant à l’ouverture d’une information judiciaire pour clarifier l’affaire.

«Jamais nous n’avons eu un tel spectacle de dévoiement» de la politique, a renchéri Ségolène Royal. Le patron des députés socialistes, Jean-Marc Ayrault, parle, lui, d’une «affaire d’Etat» et somme l’exécutif de «s’expliquer».

A droite, l’ancien Premier ministre, Dominique de Villepin, rival de Nicolas Sarkozy, évoque, sur Europe 1, un «cafouillage et une pagaille». «Trois principes sont bafoués», a-t-il dit, citant «l’impartialité de l’Etat», le «secret de l’instruction» et le «secret des sources».
http://www.liberation.fr/politiques/01012290096-fillon-trouve-que-le-cabinet-de-mam-fuit-un-peu-trop

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