dimanche 5 septembre 2010

L'affaire Yoann Lemaire rouvre le débat sur l'homophobie dans le football

Le joueur s'est vu refuser sa licence au FC Chooz après quatorze ans au club...
C’était il y a plus d’un an. Devant les caméras de France 3, un joueur du FC Chooz, petit club amateur des Ardennes, profère des insultes homophones envers son coéquipier Yoann Lemaire. L’affaire se médiatise et le jeune homosexuel écrit un livre* plus tard repris dans un documentaire de Canal+ sur l’homophobie dans le sport. Après une conciliation, Lemaire obtient les excuses de son agresseur et sa réintégration au sein de son club de toujours. Sauf que fin août, sa licence est refusée par le FC Chooz. Motif: «le souci de protéger les deux partis, selon la lettre envoyée par le président de Chooz, Frédéric Coquet, à Yoann Lemaire. Il nous semble important, compte tenu de la passion encore sensible depuis les événements de mai 2009 et la médiatisation qui en a résultée, d'éviter de nouveaux incidents.»

En bref, «ne pas être le bouc émissaire d’un sujet sensible». Une argumentation que ne comprend pas Yoann Lemaire. «Ce qu’il dit, c’est qu’il y a de l’homophobie dans le club. Donc on préfère que tu ne viennes pas pour ne pas poser de problème. Si on dit un noir ne vient pas chez nous car il a des fachos dans le club… C’est quand même incroyable de dire ça. Peut-être faudrait-il voir directement avec le ou les homophobes à Chooz.» Et se protéger des insultes venant des tribunes adverses? «Dans ces cas-là, je ne peux jouer nulle part. C’est pareil pour le racisme… Vous vous voyez refuser un Maghrébin parce qu’un jour il se fera traiter de sale arabe dans un stade au fin fond des Ardennes?»

«L’argent ne m’intéresse pas, je veux jouer au foot»

Au club depuis quatorze ans, Yoann Lemaire assure y avoir «beaucoup d’amis» mais regrette que l’on donne raison à «une minorité d’homophobes». «Ca ne veut pas dire que le club et son président sont homophobes, coupe-t-il. Je ne le crois pas». Le joueur de 28 ans ne se sent pas pour autant d’attaquer en justice. «Je vais gagner quoi au tribunal? De l’argent? Ca ne m’intéresse pas. Ce que je veux, c’est jouer au foot.»

Depuis 2009, La Ligue et la Fédération de football s’intéressent de près au dossier. Le gouvernement, lui, a réagi par la voix de sa secrétaire d’Etat aux Sports, Rama Yade. «Il ne faut pas transiger avec ce genre de choses» assure-t-elle, préconisant des sanctions contre de tels comportements, qui pourraient faire jurisprudence et briser le tabou de l’homosexualité dans le football. «L’affaire Lemaire soulève un débat, concède Frédéric Coquet. Mais ce n’est pas pour ça qu’on doit utiliser notre pauvre petit club pour régler des problèmes personnels.»

http://www.20minutes.fr/article/593208/Sport-L-affaire-Yoann-Lemaire-rouvre-le-debat-sur-l-homophobie-dans-le-football.php

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