mercredi 9 mars 2011

Le «Mistral» s'est pris un vent

Le porte-hélicoptères est arrivé en Tunisie, mais les réfugiés égyptiens étaient partis...
L'officier sort de la salle d'état-major, la mine défaite. «Il n'y a personne à quai!» Lundi matin, les 670 militaires du porte-hélicoptères Mistral ont appris la nouvelle à quelques milles nautiques de la côte tunisienne: il n'y a plus de réfugiés égyptiens à acheminer du petit port de Zarzis, dans le Sud tunisien, à Alexandrie, en Egypte. Pourtant, depuis leur départ de Toulon samedi, l'équipage se préparait à secourir 900 hommes ayant fui le chaos libyen.


Tout était prêt à bord du deuxième bâtiment le plus gros de la marine française pour une opération humanitaire XXL: latrines et lits de camp montés, blocs opératoires et hôpital en état de recevoir les cas les plus graves. Même les cuisines étaient prêtes à faire face aux 140 kg de viande supplémentaire à préparer pour chaque repas. Mais lundi matin, les réfugiés égyptiens avaient déjà été tous secourus. Par voie aérienne – dont 3.711 transportés par des avions français entre Djerba et Le Caire – ou maritime. Trois navires égyptiens et deux allemands ont acheminé 2.100 réfugiés ces derniers jours.


«Tant mieux pour les Egyptiens»


«Le pont aérien a très bien fonctionné», reconnaît le lieutenant Thierry Delorme, porte-parole. La circulation d'informations beaucoup moins. La faute, selon une source diplomatique, à l'armée libyenne, qui verrouille et déverrouille la frontière de façon «volatile». «Certains membres de l'équipage ont des états d'âme de ne pas avoir été jusqu'au bout de la mission, reconnaît Xavier Moreau, le commandant du vaisseau. Mais ça fait partie du métier de militaire de voir sa mission changer en cours de route.»


«Tant mieux pour les Egyptiens: deux heures d'avion, c'est mieux que deux jours de mer par force 5», sourit Nordine Messili, l'aumônier musulman. Restent les 130 m3 de fret humanitaire que le Mistral a pu débarquer à Zarzis: couvertures, médicaments, denrées. «Vu la situation, il sera toujours le bienvenu dans la région», fait valoir Thierry Delorme. A ses côtés, une responsable du Secours islamique acquiesce: il resterait 12.000 Bangladais dans des camps de fortune à la frontière libyo-tunisienne. Mais le Mistral, qui doit mettre le cap sur Suez, ne les prendra pas en charge. «Le Bangladesh, c'est un pays lointain.»

http://www.20minutes.fr/article/682868/monde-le-mistral-prend-vent

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