vendredi 4 mars 2011

Le fonctionnaire cleptomane piégé par les libraires

Un quadragénaire a été démasqué par un commerçant après un vol : un larcin en totale contradiction avec cet être respectable et féru de littérature.


«UN représentant d'une maison d'édition m'a confié une fois que le plus gros voleur dans ma librairie serait très probablement mon meilleur client. » Fabrice Armbruster, à la tête de la librairie du Centre à Soissons, n'a jamais vraiment voulu le croire, jusqu'au jour où il a pris son plus fidèle client la main dans le sac, ou plutôt les livres sous le bras.
« C'est quelqu'un de cultivé, très féru de littérature. Vu son statut, sa façade, nous ne l'aurions jamais suspecté… De surcroît, il achetait énormément de livres chez nous. » Le vendredi 18 février, le libraire a dû pourtant se rendre à l'évidence.
L'homme, un quadragénaire fonctionnaire du Trésor public, a été « piqué » à la sortie du magasin avec un roman pour adolescents et un essai littéraire dissimulés sous le manteau et coincés sous le bras. Il a été interpellé par les policiers soissonnais.
Aux yeux de la loi, c'est un vol simple. Le préjudice n'excède pas 40 euros. Pour plusieurs professionnels du livre de la ville, c'est la confirmation des soupçons qui se portaient sur l'homme depuis un long moment. « Cela faisait des années que des vols « étranges » avaient lieu », raconte Fabrice Armbruster.
Le commerçant estime à 87 le nombre de références susceptibles d'avoir été chapardées par le « monsieur » l'année dernière. « En fonction du style de certains livres, c'était signé. Il était d'ailleurs le seul à acheter quelques-uns des ouvrages volés ! Mais personne n'a pu le prendre sur le fait… »


De fortes présomptions


Deux autres commerçants de la cité du Vase ont eu également à faire au « voleur ». Sans jamais le surprendre. « J'ai eu des doutes, il y a environ trois ans, indique une autre libraire. Il manquait un livre sur une pile que je venais de ranger. Or, il était le seul client qui était passé entre le rangement et le moment où j'ai constaté le vol… » Depuis cette mésaventure, cette dernière le surveille attentivement.
Dans un autre magasin, des soupçons se sont aussi portés vers l'homme. « Un magazine littéraire très pointu était régulièrement volé. Nous n'avions qu'un ou deux exemplaires, que nous ne vendions jamais, se remémore Claudine Postel, gérante à la Maison de la presse. Nous avons décidé de le mettre en réserve et de le vendre uniquement sur demande… L'unique client qui l'a demandé, c'était lui. » C'était il y a un peu plus de deux ans. La gérante a interdit « de séjour » le quadra dans sa boutique, et a remis le magazine convoité en rayon. « Et il ne disparaît plus », remarque-t-elle.
Ces observations sont arrivées aux oreilles de Fabrice Armbruster. « J'ai commencé à le surveiller de plus près. Surtout quand il allait dans le fond du magasin. En vain… » Jusqu'au vendredi fatidique, où le commerçant a mis en place un guet-apens. « Un ami se faisait passer pour un client et restait dans la boutique. Lui ne s'est pas méfié. Il l'a surveillé et a vu les ouvrages disparaître. Lorsqu'il est sorti du magasin, nous lui avons demandé les livres. Il s'est exécuté rapidement. » En attendant l'arrivée de la police, le libraire a eu le temps de s'entretenir avec l'homme. « Il m'a expliqué que c'était maladif, qu'il s'agissait de cleptomanie. »
Beaucoup de constatations désignent le féru de littérature comme responsable de nombreux vols, pendant plusieurs années. Néanmoins, les commerçants floués n'ont jamais déposé plainte, ni de main courante au commissariat. Du coup, difficile pour la justice de sévir. D'après nos informations, l'enquête est close. Le fonctionnaire visé devra donc répondre d'un seul vol. Des sanctions disciplinaires sont envisageables, étant donné que les « victimes » ont averti sa hiérarchie.


http://www.lunion.presse.fr/article/aisne/le-fonctionnaire-cleptomane-piege-par-les-libraires

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