lundi 26 septembre 2011

Scandale sexuel à la RATP : les méthodes du "roi" avaient été dénoncées

Celui qu'un courrier anonyme envoyé en juin surnomme "le roi" a eu des débuts modestes. Gwenaël Eslan, visé par une enquête préliminaire du parquet de Paris pour harcèlement et trafic d'influence, a commencé sa carrière à la RATP au nettoyage des bus. En 1996, alors qu'il vient de changer d'affectation, il est concerné par une enquête interne. Un conflit entre agents éclate sur la ligne 4 du métro, qu'Eslan vient d'intégrer comme contrôleur. La direction des ressources humaines de la Régie rend un rapport édifiant : ses conclusions, au sujet d'Eslan, dessinent les contours d'une personnalité parfois brutale et dominatrice.

"Disposant d'un ascendant naturel sur les agents, Eslan a occupé une place dominante" dans le dispositif nouvellement créé sur la ligne 4, dans le but de faire diminuer la fraude, constate le rapporteur. À l'époque, le nouveau P-DG de la RATP, Christian Blanc, avait initié une politique de "reconquête" dans le métro, visant notamment à chasser des stations les "non-voyageurs" : les SDF, les toxicomanes et les dealers. Mais dans le secteur Nord de la ligne 4, où officie Eslan, les plaintes contre les contrôleurs se multiplient, et "monsieur Eslan fait souvent partie de ceux qui sont incriminés dans les affaires".

Opposition avec la hiérarchie

Selon l'enquête, leurs méthodes engendrent régulièrement des violences contre les usagers. Les équipes de "vigiles" qui épaulent les contrôleurs sont ouvertement dénoncées. Comme le constate l'auteur du rapport, "les voyageurs ne contestent pas leurs fautes, mais les méthodes utilisées".

Alertée, la direction réclame à ses agents "moins de répression, plus de présence, d'accueil et de commercial". Mais cette réorientation n'est pas du goût de tous les agents : "Monsieur Eslan, qui est pour le contrôle, n'a ni compris ni accepté ce recadrage, comme certains de ses collègues, stipule le rapporteur. Pour (lui et ses équipes), il faut vider les voyageurs de façon "musclée", utiliser des techniques de contrôle collectives et plutôt travailler comme une milice". "Il existe un certain degré de dangerosité dans leur attitude", conclut l'enquêteur de la RATP.

Eslan est alors en opposition frontale avec son supérieur hiérarchique, et la direction des ressources humaines demande son déplacement. Sur sa nouvelle ligne, on lui assignera des objectifs clairs : "pas de plainte sur les méthodes".http://www.lepoint.fr/societe/scandale-sexuel-a-la-ratp-les-methodes-du-roi-avaient-ete-denoncees-22-09-2011-1376254_23.php

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