jeudi 8 septembre 2011

Atteint de mucoviscidose, il est prié d’arrêter de travailler

Il vit avec une ALD, comprenez affection de longue durée. Pourtant, Mohamed Ramdan n’est pas de ceux qui se plaignent de leur sort. Il repousse sans cesse les limites. Ce bosseur originaire de Cergy-le-Haut mène sa bataille contre la mucoviscidose depuis maintenant trente-quatre ans, mais depuis le 1er janvier 2010, cet assistant monteur dans une société de production doit faire face au rejet de la part de la Sécurité sociale de l’indemnisation de ses congés maladie.

Son tort? Etre trop souvent absent aux yeux de la Sécu. Le médecin-conseil de la Sécu a en effet décidé de changer le statut de Mohamed, qui est passé du stade d’invalidité 1 au niveau 2. Un changement aux conséquences lourdes pour l’homme qui, du coup, ne pourrait plus travailler.
« J’ai beaucoup entendu qu’il valait mieux que j’arrête de travailler, mais ce médecin-conseil, je ne l’ai jamais vu, et je connais mes limites », assure Mohamed. Avant d’ajouter : « Sur douze mois, je ne peux en travailler que six car je suis souvent hospitalisé pour mes cures d’antibiothérapie, j’ai donc explosé mon quota d’absences car, sur trois ans, la légis- lation ne permet que trois cent soixante jours de congés maladie », explique Mohamed.
Diagnostiqué dès l’âge de 18 mois, Mohamed Ramdan a appris à vivre avec la maladie. Comme toutes les personnes atteintes de la mucoviscidose, il avale de 15 à 20 comprimés par jour, suit des séances de kiné et d’aérosol; des soins qui lui prennent en moyenne une heure trente par jour et qui ont un coût. La requalification de son statut d’invalidité au stade 2 a été décidée par le praticien-conseil de la Sécurité sociale. « La décision de faire passer M. Ramdan du stade d’invalidité 1 à 2 signifie que le médecin a jugé que l’état de santé de ce monsieur ne lui permettait plus de travailler », confirme Philippe Bouquet, directeur adjoint de la Caisse primaire d’assurance maladie (CPAM). Avant d’ajouter : « C’est une situation douloureuse à laquelle est confronté ce jeune homme, mais nous n’avons aucun pouvoir sur la législation, nous ne faisons que l’appliquer », assure le directeur adjoint.
La décision étonne l’employeur de Mohamed, Julien Loron. « J’ai demandé à un avocat d’étudier le cas, je ne comprends pas qu’il soit traité comme un malade lambda alors qu’il est atteint de la mucoviscidose », confie le patron, qui, après la décision de la Sécurité sociale, avoue se retrouver « tiraillé entre le bénéfice de [son] entreprise et le fait que la maladie le fatigue de plus en plus ».
Une incohérence de la loi que s’explique Aziza Ferouze, assistante sociale au sein de l’association Vaincre la mucoviscidose. « Rares sont les malades qui travaillent aussi longtemps que Mohamed Ramdan, de plus, la législation ne peut malheureusement pas créer des textes au cas par cas, c’est aux assurances maladie que relève la tâche difficile d’expliquer aux patients que les textes de loi ne peuvent rien pour eux », analyse-t-elle.
Le directeur adjoint de la CPAM assure que « le dossier sera réexaminé par un conciliateur dans les plus brefs délais ».
http://www.leparisien.fr/val-d-oise-95/atteint-de-mucoviscidose-il-est-prie-d-arreter-de-travailler-06-09-2011-1594192.php

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