vendredi 2 septembre 2011

Saint-Denis - Noisy-le-Sec : le convoi de Roms provoque la polémique

L’affaire a fait chauffer les téléphones, provoqué réactions politiques et syndicales et mobilisé jusqu’au président de la RATP en personne. Hier matin, escortés par la police, plusieurs dizaines de Roms qui venaient d’être expulsés d’un camp de Saint-Denis ont été convoyés jusqu’à la gare RER de Noisy-le-Sec dans un tramway affrété spécialement pour eux.
Une mesure d’éloignement « prise localement et dans une situation d’urgence » afin de « minimiser le trouble et le retard pour les voyageurs », souligne la RATP qui précise avec insistance que « la décision n’a pas été prise en amont » par la Régie. « Il n’y a pas eu de réquisition par le préfet, confirme la préfecture. Il a fallu gérer un trouble à l’ordre public comme lorsque l’on prend en charge des supporteurs turbulents. »

Tout débute à 6 heures lorsque la police, agissant sur décision de justice, commence à évacuer 150 Roms qui occupaient un terrain de la Direction interdépartementale des routes Ile-de-France (Dirif), route de La Courneuve, à Saint-Denis. Les forces de l’ordre dirigent les expulsés par groupes d’une dizaine vers la station de tramway T1 des Cosmonautes mais la situation dégénère. Plusieurs Roms sortent à la station suivante pour revenir vers Saint-Denis et l’intervention de policiers n’y change rien. « Dans une situation de quasi-blocage, l’encadrement local de la ligne arrivé sur place a décidé avec la police d’utiliser un train qui se trouvait là », explique la RATP. Quatre-vingts Roms prennent alors place dans le convoi qui sera sans arrêt jusqu’au terminus de Noisy-le-Sec.
Lorsqu’ils débarquent vers 11 heures, le conseiller général communiste Gilles Garnier assiste, médusé, à la scène. « Des hommes et des femmes portant des ballots, poussant des chariots, parfois avec des enfants dans les bras, sont descendus avec des policiers qui les ont conduits vers la gare RER pour une destination inconnue », raconte l’élu. Choqué, il écrit illico au préfet de Seine-Saint-Denis, au président de la RATP et au maire de Noisy-le-Sec. « La scène à laquelle je viens d’assister m’a rappelé des souvenirs d’école et de cinéma », écrit Gilles Garnier qui s’interroge, faussement naïf : « Est-il commun de réquisitionner une rame complète de tram pour transporter uniquement des Roms? »
Quelques minutes plus tard, le président de la RATP, Pierre Mongin, l’appelle en personne. « Il m’a certifié qu’il n’y a jamais eu de réquisition de sa part, explique l’élu. Je l’ai senti très embêté. C’est vrai que l’image est catastrophique pour la RATP. » Un peu plus tôt, Pierre Mongin avait été interpellé en plein comité d’entreprise par la CGT. « Nous condamnons de façon évidente que la RATP puisse être l’auxiliaire de la police, souligne un représentant CGT de la RATP. Comme lors de l’évacuation des camps de Bondy la veille, la police a canalisé le flux des Roms vers le tram. Cela revient à une réquisition qui ne dit pas son nom. C’est une dérive inacceptable. »
Selon le maire (NC) de Noisy-le-Sec, les Roms ont pris un RER en direction de Chelles (Seine-et-Marne) mais plusieurs d’entre eux étaient revenus dans le département hier après-midi.
http://www.leparisien.fr/seine-saint-denis-93/saint-denis-noisy-le-sec-le-convoi-de-roms-provoque-la-polemique-01-09-2011-1587209.php

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