mardi 5 octobre 2010

Bettencourt: L'influence avérée?

Des documents saisis lors d'une perquisition, début septembre, au domicile de Liliane Bettencourt prouvent que la milliardaire était sous l'influence de son entourage. Sous forme d'aide-mémoires, ils indiquent à l'héritière de L'Oréal les réponses qu'elle doit donner aux autorités judiciaires. C'est l'une des questions clefs de l'affaire Bettencourt. L'héritière de L'Oréal est-elle sous influence? Si, jusqu'à présent, aucun élément ne confirmait réellement cette hypothèse, des documents saisis lors d'une perquisition chez la milliardaire par la Brigade financière début septembre semblent aller dans ce sens. Révélés lundi par RTL, Le Monde et le site du Point , ils seraient en fait des "aide-mémoires", une sorte de leçon que Liliane Bettencourt devait apprendre par cœur en vue de possibles auditions par la police et la justice. L'ensemble de ces investigations, qui représentent pas moins de 700 pages de procès verbaux et de relevés d'écoute, ont été remis, le 30 septembre dernier, à la juge Isabelle Prévost-Deprez dans le volet "abus de faiblesse" du dossier. Cette série de documents prouvent que la milliardaire était, dès le début des investigations, bien entourée et que son entourage – l'auteur de ces "aide-mémoires" n'est pas encore identifié – lui soufflait les réponses à donner dans le cadre de l'enquête. Ainsi, trois réunions, qui ont eu lieu les 6 et 8 février et le 15 avril 2008, étaient censées préparer l'audition de Liliane Bettencourt par le procureur de Nanterre, Philippe Courroye, en juin 2008. Une audition qui faisait suite au dépôt de plainte, le 19 décembre 2007, par la fille de l'héritière de L'Oréal, Françoise Bettencourt-Meyers, contre le photographe François-Marie Banier. Elle l'accuse d'avoir abusé de la faiblesse de sa mère pour lui soutirer pas moins d'un milliard d'euros. Des "éléments de langage" A l'époque, plusieurs "éléments de langage" ont été suggérés à Liliane Bettencourt, explique Le Monde. Et tous les volets de l'affaire y passent. Concernant sa relation avec sa fille, la milliardaire doit assurer devant les autorités judiciaires que "le problème est avant tout une question de jalousie". "Cette jalousie n'est pas justifiée. Mme Bettencourt regrette que sa fille ne comprenne pas que son amitié pour M. Banier n'enlève rien à son affection pour sa fille. Ils ne sont pas en concurrence", peut-on encore lire dans les documents perquisitionnés. La relation de l'héritière avec François-Marie Banier est également justifiée: "M. Banier est à la fois un ami, dont la présence lui est précieuse, une ouverture sur le monde artistique, et un artiste vis-à-vis de qui elle joue un rôle de mécène". Quant à son état de santé, là encore, l'aide-mémoire est précis. "J'ai eu des problèmes physiques mais ils n'ont jamais altéré mes facultés intellectuelles", est censée répondre Liliane Bettencourt. Ce qu'elle fera à maintes reprises devant les policiers mais aussi aux médias. Pourtant, les notes lui rappellent les dates de naissance de sa fille et de ses petits-enfants. Une note pour la Chancellerie Si certaines répliques indiquées dans les documents saisis apparaissent davantage comme des orientations, d'autres font état de véritables mensonges. Sur l'existence de comptes à l'étranger, la milliardaire devait répondre par la négative, alors que les enquêteurs ont, depuis, découvert qu'elle possédait au moins deux comptes en Suisse. Même principe pour l'île d'Arros. Là, Liliane Bettencourt doit déclarer qu'elle n'est que locataire, bien qu'elle en soit la propriétaire. "On lui apprend à mentir puisqu'on met la question et, entre parenthèses, la réponse qu'elle doit faire", a rapidement réagi lundi l'avocat de Françoise Bettencourt-Meyers, Me Olivier Metzner, sur le site du Point. Et d'ajouter: "Cela constitue en droit une subornation de témoins." Mais un autre document risque d'attiser une nouvelle fois la polémique. Ce dernier, également saisi à l'hôtel particulier de Liliane Bettencourt, précise qu'une note est en préparation pour le cabinet du ministre de la Justice – Rachida Dati, à l'époque – "de façon à ce qu'il puisse nous dire où en sont les choses, quel est l'état d'esprit du juge et quelle est la position du parquet". Rien n'indique si elle a été ou non transmise à l'intéressée.
 http://www.lejdd.fr/Societe/Justice/Actualite/Bettencourt-L-influence-averee-224670

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