mercredi 6 avril 2011

Il avance 58 000 € pour une Aston Martin fantôme

Une douzaine de clients aurait été abusée par un vendeur de voitures de luxe du pays lorientais.Le préjudice s'élève à 250 000 €. Sans compter les impôts, qui réclament plus de 160 000 €...
« J'ai toujours rêvé d'une Aston Martin », le rutilant coupé que conduit James Bond. Entrepreneur argenté et jeune retraité, Michel voulait se faire plaisir. Il sollicite un vendeur de voitures de luxe installé sur la zone de Kerpont, à Caudan. « Il me dit en avoir trouvé une en Allemagne. Mais il faudra avancer l'argent. J'avais déjà fait affaire avec lui et j'ai pêché par excès de confiance : je lui ai donné 58 000 €... » Le vendeur va faire traîner la transaction. Plusieurs mois. Jusqu'à ce que Michel comprenne « que les problèmes de carte grise étaient des salades »...
Si Michel semble désabusé, Cécile, elle, est très remontée : « J'avais mis ma voiture en dépôt-vente au même endroit. Le gérant me dit qu'il l'a vendue à un garagiste de la région. N'étant toujours pas payée, j'ai cherché ma voiture et je l'ai trouvée. J'ai dit au garagiste : « Votre voiture, c'est la mienne ! » J'avais même pensé la voler mais c'est moi qui serais allée en prison. Alors je l'ai rachetée car j'en avais besoin pour travailler... »
« La panoplie complète du parfait escroc »
A la barre du tribunal de Lorient, quatre autres personnes, sur les douze victimes recensées dans ce dossier depuis 2008, se succèdent : Martine n'a jamais vu la couleur de l'argent de sa Porsche, Jacques les 39 000 € de sa BMW... Et si l'un d'eux caressait l'espoir d'être un jour remboursé, la substitut du procureur a tôt fait de les doucher : « Ce n'est pas le gérant qui va vous indemniser. »
« Même partiellement », a renchérit l'avocat du prévenu, absent à l'audience, certificat médical à l'appui. L'avocat, Me Lucas, a d'ailleurs admis les abus de confiance à répétition de son client. En revanche, il a récusé le fait que le gérant ait « rafraîchi » de plusieurs milliers de kilomètres les compteurs de certaines voitures. Le conseil a ensuite contesté les 90 000 € réclamés par les services fiscaux pour avoir « éludé » de la TVA sur d'autres berlines achetées en Allemagne.
En attendant le jugement du tribunal, mis en délibéré au 16 mai prochain, les victimes vont pouvoir se retourner vers le Sarvi, le service d'aide au recouvrement des victimes d'infractions. L'une d'elles, lésée de 10 000 €, devrait percevoir 1 400 €. Quant au prévenu, que Me Le Guillou-Rodrigues, avocate de la partie civile a comparé à « une truite qu'on essaierait d'attraper avec des gants Mapa », la substitut du procureur a requis contre lui une peine de 18 mois de prison ferme mais aussi une interdiction d'exercer.
Car le gérant de cette société liquidée depuis 3 ans présente « la panoplie complète du parfait escroc. Sa réputation dépasse largement les murs de ce tribunal et les frontières de ce département », ajoutait l'avocate.
À quoi son confrère de la défense a opposé le fait que son client « ne se faisait, à l'époque, que 1 500 € de bénéfice par mois. Aujourd'hui, il a 47 ans. Il est au chômage depuis l'automne après avoir terminé un CDD chez un concessionnaire du pays vannetais. Il cherche du travail dans le sud de la France »... Un travail de vendeur de voiture, « le seul qu'il sait faire »...

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