lundi 11 mars 2013

Un scandale provoque la démission du ministre belge des finances

Un coup de tonnerre a retenti, mardi 5 mars dans le ciel politique belge : Steven Vanackere, vice-premier ministre chrétien démocrate et ministre des finances a organisé une conférence de presse pour annoncer sa démission. Le chef de file du parti CD&V était cité dans un scandale financier lié à la banque Belfius, mais cette démission constitue une surprise. Il a demandé au président de sa formation, Wouter Beke, de le remplacer.

Diverses révélations ont été apportées au cours des dernières semaines concernant les liens entre l'ACW, le Mouvement ouvrier chrétien flamand, l'un des " piliers " du courant chrétien-démocrate belge, et la banque, créée après l'éclatement de l'établissement franco-belge de financement des collectivités publiques Dexia. L'Etat belge est le principal actionnaire de Belfius.
C'est l'Alliance néo-flamande (NVA), le parti indépendantiste de Bart De Wever, qui a lancé l'offensive, rapidement relayé par divers médias néerlandophones. L'ACW aurait été rétribué pour apporter des clients à la banque et lui aurait prêté 70 millions d'euros à un taux d'intérêt très élevé de 7,75 %. Belfius aurait également payé 40 millions d'euros à l'ACW pour que le mouvement contribué à préserver la "bonne image" de la banque. Et les milieux chrétiens démocrates, dont le pan syndical réclame régulièrement une plus grande justice fiscale, auraient également éludé une partie de l'impôt à l'aide de montages sophistiqués.
"ACCORDS COMMERCIAUX"
M. Vanackere a déclaré mardi que les attaques dont ils faisaient l'objet avaient " dépassé [sa] capacité de résistance ". " Cela devait s'arrêter ", a-t-il expliqué, continuant à soutenir qu'il ignorait les accords passés entre la banque et l'ACW, un courant dont il est proche. Entendus récemment par les députés, des dirigeants de Belfius avaient exonéré le ministre, en indiquant qu'il n'était pas au courant des contrats conclus. Ils avaient évoqué des simples " accords commerciaux ". Pour divers observateurs, l'affaire pose toutefois la question de l'affectation d'argent public à une structure politico-syndicale.
Les partenaires gouvernementaux du ministre convenaient depuis quelques jours que sa communication était défaillante et une proposition circulait même, visant à confier la tutelle sur le dossier Belfius à l'un de ses collègues. Il avait, début mars, nié connaître un administrateur de Belfius. Pour finalement concéder que cet expert financier suivait, comme consultant extérieur, les dossiers liés à la banque Dexia et ses avatars au sein même de son cabinet... Un fait qui, ajouté à d'autres, faisait douter de la bonne foi, ou de la compétence, du ministre.
La commission des finances de la chambre des députés devait débattre, mardi, de la création d'une commission d'enquête, réclamée entre autres par la NVA. Les partenaires flamands de M. Vanackere au sein de la majorité fédéral (l'Open VLD, libéral et le Sp.a, socialiste) se montraient plus prudents, sans cacher leur agacement à l'égard de l'évolution de ce dossier.
La démission du chef de fil des chrétiens démocrates flamands va indéniablement affaiblir le gouvernement dirigé par le socialiste wallon Elio Di Rupo. Celui-ci doit se lancer très prochainement dans une nouvelle opération d'assainissement budgétaire et s'expose à des sanctions européennes s'il ne corrige pas rapidement la trajectoire de son endettement. Celui-ci pourrait être aggravé si l'Etat belge devait intégrer dans sa dette le montant des garanties apportées à la banque résiduelle (" bad bank ") Dexia, comme l'estiment des experts européens. Le gouvernement belge tente, en ce moment, de contester cette procédure.

http://www.lemonde.fr/europe/

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