lundi 20 août 2012

L'indécente demande des pompes funèbres

Qu'une entreprise portugaise ait pu tenter de monnayer en liquide le rapatriement du corps de leur mère, décédée subitement du côté de Porto, a scandalisé deux Châlonnais, Vanessa et Christopher.
DEUX enfants sont en colère. Christopher et Vanessa. Ils racontent. Leur maman, Corinne Dussaussois, 53 ans, est en vacances au Portugal dans un camping avec José, son compagnon.
Le 6 août vers 22 heures, elle se dit essoufflée et va se coucher. Lorsque José la rejoint un peu plus tard, elle n'est pas au mieux. Dans la nuit, elle sort de leur tente puis s'écroule.
Les secours arrivent. On lui met le masque à oxygène et tout est tenté pour la ranimer. En vain. Elle décède aux alentours de 5 heures. Une autopsie est demandée. Les enfants sont avertis une heure plus tard.
A 14 heures le 7 août (signe déjà d'un certain amateurisme), les pompes funèbres portugaises informent la famille qu'ils sont prêts à partir pour rapatrier le corps à Châlons.

"Bonjour, vous avez l'argent"

Vanessa appelle le consulat pour à la fois informer et s'informer : « Ils nous ont dit que ce n'était pas légal. Que les pompes funèbres ne pourraient pas partir sans certificat de décès. Il nous fallait un extrait de naissance de la mairie de Châlons, à faxer à l'hôpital portugais où était notre mère, pour que puisse être délivré ce document ».
Lendemain de la mort de Corinne. Le fax est envoyé. Tous les papiers sont réunis. A partir de là, grosse surprise sauce lusitanienne : « Les pompes funèbres nous disent qu'ils peuvent partir vers 18 heures seulement si on leur garantit, dès leur arrivée, qu'on va leur payer en liquide la somme de 3 800 euros, pour les frais de rapatriement. Ils ajoutent que sinon, ils ne partiront pas ».
Les enfants se renseignent. Ils se font certifier que nul n'a le droit d'exiger de tel ou tel mode de paiement. Ce qui les rassènère : la famille de la défunte qui ne veut pas payer cette somme en liquide.
Que faire alors ? Pas question que la maman reste là-bas en attendant que les choses se décantent. Pas question qu'elle soit incinérée pour simplifier le tout comme le consulat, assure Vanessa, lui aurait suggéré. Pas question pour deux raisons : l'attente des résultats d'autopsie d'abord, et une considération spirituelle ensuite : « Notre mère était croyante et voulait être enterrée ».
Bref lorsqu'il a l'entreprise funéraire en ligne, Christopher leur assure qu'il paiera en liquide alors qu'il n'en pense pas un mot : « Je me suis dit qu'on verrait après. Nous, ce qu'on voulait, c'est que notre mère soit rapatriée ».
Le convoi part le 9 août à 18 heures. Les enfants de Corinne ont pu faire en sorte qu'elle puisse voyager dans un cercueil vitré : « Ce n'est pas non plus légal, mais comme ça, on était sûr que c'était elle ».

Une situation indécente

Les deux employés portugais couvrent les 1 700 kilomètres de Porto jusqu'à Châlons en 23 heures. Ils arrivent vers 17 heures le 10 août.
A Châlons, Christopher se souvient ne pas en croire ses oreilles : « A peine descendus du véhicule, leurs premiers mots ont été : bonjour, vous avez l'argent ? ».
Le jeune homme s'insurge, demande à ce qu'on s'occupe d'abord de sa mère.
La discussion est tendue : « Je leur ai dit que je leur donnerai 500 euros en liquide, le reste en chèque ».
Les professionnels Portugais passent la nuit à l'hôtel. Rendez-vous est pris le lendemain avec Christopher.
La démarche est surréaliste : « IIs pensaient qu'à la banque, on allait leur donner le reste du liquide en échange du chèque ». Finalement, de banque châlonnaise à banque portugaise, un virement bancaire international est effectué.
L'affaire est enfin close mais Christopher ne s'est toujours pas remis de ce qui a suivi : « C'est à cet instant seulement qu'ils m'ont présenté leurs condoléances ».
Les obsèques de Corinne auront lieu au cimetière du sud jeudi, soit 9 jours après son décès. Aujourd'hui, les enfants affirment qu'ils ne feront leur deuil qu'à ce moment-là.
Ceux dont les coups de fils pour régler cette affaire se sont comptés par dizaine, dénoncent « l'indécence » de la situation. Que l'on ait pu monnayer le rapatriement de leur mère en argent liquide est de l'ordre du traumatisme : « Les pompes funèbres de Châlons nous ont dit que c'était la première fois qu'ils vivaient ce genre d'incident. Au ministère des Affaires étrangères, on nous a dit qu'il était très important de faire remonter tout cela ». En tout cas Vanessa en est certaine : de là-haut, Corinne aura vu que ses enfants n'avaient rien lâché…


http://www.lunion.presse.fr/article/marne/lindecente-demande-des-pompes-funebres

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