mardi 25 octobre 2011

Nice: business juteux à la fac de médecine

«Je ne me laisserai pas influencer par la soif du gain… » Les étudiants en médecine en font tous la promesse. Mais ce n’est qu’au terme de leur formation, le jour de leur thèse. Point de serment d’Hippocrate pour les plus jeunes carabins. L’altruisme n’est d’ailleurs la principale valeur requise en première année de Médecine. Avec 1 200 candidats pour 124 places à l’arrivée, c’est plutôt chacun pour soi…

Et Dieu pour tous ? Sauf que ces médecins postulants semblent n’avoir foi qu’en de drôles de chapelles que l’on nomme écuries.

Les voies de la réussite passeraient nécessairement par ces prépas privées, véritables boîtes à concours. « C’est presque devenu une religion », déplore le Pr Daniel Benchimol. Le doyen de la faculté de Médecine de Nice n’y voit pourtant que «l’exploitation de l’angoisse des étudiants… Et de leurs parents ». Comme Julien C. qui lui aussi a inscrit son fils dans l’une de ces écuries. « Avant même qu’il ait passé son bac. Sinon il n’y a plus de place. J’ai dû commencer à payer les cours privés six mois avant la rentrée universitaire ! D’un côté, je me dis que c’est un peu du vol. De l’autre, en ne le faisant pas, j’aurais l’impression d’hypothéquer l’avenir de mon fils. »

« On nous diabolise »

Alors, ils sont nombreux à succomber aux sirènes de ces prépas privées. Plus de la moitié de la promo cette année encore. Parfois jusqu’à 80 % des inscrits ! « C’est sûr que ça peut être un marché juteux, reconnaît Jérôme Cairo-Blanchet, le directeur de Praxis, l’une des plus anciennes prépas azuréennes qui a vu se développer la concurrence ces dernières années.

Là où il n’existait qu’une écurie de médecine il y a 20 ans, elles sont une demi-douzaine à avoir pignon sur rue aujourd’hui. « C’est bien la preuve que nous répondons à une réelle attente », souligne Allison Olivero de chez Galien. « Même si on a tendance à nous diaboliser », déplore Christine Doucet de Cap Médecine : « A chaque rentrée, l’administration de la fac nous descend en flamme. Pourtant, ils n’hésitent pas à nous envoyer leurs propres enfants ! »

Car ces écuries annoncent des taux de réussite allant de 30 à 50 %. Mais pour obtenir de si bons résultats, certaines n’hésitent pas à faire ce que l’université rechigne : sélectionner à l’entrée. Sur dossier, entretien et tests d’admission… Et quelque part, niveau de revenus. Les tarifs pratiqués par ces boîtes à concours oscillent entre 3 600 et 8 000 euros l’année pour un primant.

De 3.600 à 17.000 euros l’année

Tout au moins pour celles qui ont pignon sur rue. Car cohabitent également sur ce juteux marché de discrètes officines privées. Étudiants en deuxième, troisième ou quatrième année, ou professeurs à la retraite n’hésitent pas à ouvrir des « micro-entreprises » qui n’ont parfois aucune existence légale. On s’échange leurs noms sur les bancs de la première année de médecine comme on délivre un remède miracle. Sauf que cette poudre de perlimpinpin vaut de l’or. Jusqu’à 17.000 euros l’année ! En cash de préférence.

Retrouvez l'intégralité de ce reportage dans votre Nice-Matin de ce lundi ou directement sur votre journal en ligne
http://www.nicematin.com/article/cote-dazur/nice-business-juteux-a-la-fac-de-medecine

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