vendredi 7 octobre 2011

Dans la calanque de Morgiou, trois dauphins tués, lestés et coulés

Un spectacle d'une telle horreur surgissant par 58 mètres de fond dans le champ de vision d'un plongeur en scaphandre, peut lui coûter la vie. Il en effet très difficile de maîtriser son émotion en pareilles circonstances et d'éviter que ne survienne un essoufflement catastrophique ou ne s'aggrave une narcose à l'azote.
Et c'est sans doute grâce à leur longue expérience de la plongée que Fabienne Henri, responsable de la formation au centre subaquatique Narval, à Cassis, et son binôme Jacqueline Dozin ont su conserver tout leur sang-froid, ne cédant à aucun moment à la panique.
Ce lundi matin, les deux amies avaient décidé d'explorer une nouvelle fois le lieu-dit "les Carcasses", dans la calanque de Morgiou; un site de plongée bien connu des pratiquants locaux en raison notamment de la présence de plusieurs épaves de voitures ayant sans doute servi à commettre quelques méfaits et dont les propriétaires avaient souhaité se débarrasser.
"Nous nous trouvions à -55 mètres quand notre attention a été attirée par des masses de couleur claire, aux formes inhabituelles, un peu en dessousde nous, raconte Fabienne. En nous approchant d'avantage, nous avons distingué trois dauphins morts qui gisaient sur le sable."
La scène est déjà peu engageante, d'autant que la tête, le rostre et les nageoires des malheureux mammifères sont en partie dévorés par les animaux marins nécrophages.
Mais pour les deux plongeuses, le plus terrible est encore à venir. "En les observant de plus près, nous avons constaté qu'une grosse corde était attachée à la queue de chacun des dauphins et les reliait à un corps-mort", raconte Fabienne qui, trois jours après la macabre découverte, a encore bien du mal à contenir sa colère et son indignation.
Et pour cause : le corps-mort a été fabriqué de manière artisanale, selon une technique bien connue des pêcheurs et des plaisanciers méditerranéens qui s'en servent habituellement pour réaliser un mouillage fixe pour leur bateau. Cette fois, il s'agit d'un pneu de voiture dans lequel a été coulé du béton; un coude en acier de fort diamètre ayant été préalablement placé en son centre afin d'y fixer une corde ou une chaîne.
Un dispositif qui n'est pas sans rappeler les pratiques de la pègre et les tristement célèbres "bottes en béton" qui permettent de faire disparaître un cadavre en le lestant et en l'immergeant à grande profondeur. Le parallèle est consternant, surtout lorsque les victimes sont des dauphins.
Ayant emporté avec elles un appareil de prise de vues sous-marines, les deux plongeuses saisissent alors chaque détail de ce spectacle ahurissant, bien décidées à révéler et dénoncer ces pratiques d'un autre âge. Des images chocs qu'elles ont bien voulu confier à La Provence et que nous publions aujourd'hui.
Mais cette affaire n'a pas fini de faire couler de l'encre. Et pour cause: les trois dauphins ont été retrouvés au coeur même du futur espace protégé que constituer dans quelques mois -si tout va bien- le parc national des Calanques. Un parc pour lequel la présence maintes fois signalée de grands mammifères marins (dauphins, rorquals communs, globicéphales, etc.) est censée apporter une immense plus-value en terme de notoriété et d'attractivité…
http://www.laprovence.com/article/a-la-une/dans-la-calanque-de-morgiou-trois-dauphins-tues-lestes-et-coules

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