mardi 25 janvier 2011

Royaume-Uni : le scandale des écoutes fera-t-il tache d'huile ?

Après des mois de rumeurs sur son départ, le directeur de la communication du Premier ministre britannique David Cameron a été contraint à la démission vendredi, emporté par un scandale retentissant. Le "spin doctor" Andy Coulson était depuis de longs mois la cible de vives critiques sur le rôle que certains l'accusaient d'avoir joué dans de multiples écoutes téléphoniques de personnalités menées illégalement dans les années 2005-06 par le tabloïde News of the World, dont il était rédacteur en chef à l'époque. Il avait déjà dû démissionner du journal à la suite de ces révélations : le News of the World, premier tabloïde dominical britannique appartenant au magnat australien Rupert Murdoch, a été notamment accusé d'avoir mis sur écoutes des membres de la famille royale, des politiciens ainsi que des stars. Selon le quotidien The Guardian, le nombre des personnes écoutées avoisinerait les trois mille et comprendrait l'actrice américaine Gwyneth Paltrow, le maire de Londres Boris Johnson, le chanteur britannique George Michael... Mais le scandale risque de ne pas en rester là. Car de telles écoutes, parfaitement illégales, relevaient "d'une pratique courante" dans les tabloides britanniques, selon des déclarations d'un avocat reprises dimanche dans la presse nationale. Mark Lewis affirme représenter les intérêts de quatre personnalités, qui affirment avoir été espionnées de cette manière par des journaux. Evoquant ces écoutes, l'avocat assure que "c'était presque un jeu d'enfant". Enquêtes tardives Selon le Sunday Times, deux des victimes seraient des acteurs de série télévisées. Leurs téléphones mobiles auraient été mis sur écoutes pour obtenir des informations confidentielles sur les scénarios. Mais généralement, les écoutes téléphoniques avaient pour but de nourrir les pages "people" des tabloides, dont c'est le fond de commerce. Selon le dominical The Independent on Sunday, les anciens Premiers ministres Tony Blair et Gordon Brown ont tous les deux demandé à la police s'ils figuraient parmi les personnalités mises sur écoutes illégalement. L'un et l'autre ont refusé de commenter cette information. Le député travailliste Chris Bryant, lui même victime d'écoutes, a mis en cause à plusieurs reprises la police, à qui il reproche d'avoir sous estimé l'affaire. Car les accusations n'ont pas manqué, mais curieusement, elles n'ont que rarement abouti à des mises en cause formelles. La justice britannique a ainsi relancé une enquête il y a tout juste une semaine à la suite d'une plainte de l'actrice britannique Sienna Miller. Pourtant, bien avant ça, d'anciens employés du News of the World avaient affirmé à la police que ce type d'espionnage téléphonique était une pratique largement répandue. C'était en septembre dernier. Scotland Yard avait entendu peu après Andy Coulson en tant que témoin, après les déclarations d'un journaliste qui l'accusait d'avoir encouragé les écoutes. Mais en décembre, la police avait dit ne pas disposer d'éléments suffisants pour procéder à des inculpations.
http://lci.tf1.fr/monde/europe/2011-01/royaume-uni-le-scandale-des-ecoutes-fera-t-il-tache-d-huile-6235739.html

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