mercredi 26 janvier 2011

Mediator : le livre à l'origine du scandale

Combien de morts ? » C'est la phrase qui conclut le livre de la pneumologue brestoise Irène Frachon. C'était aussi le sous-titre de son livre Mediator 150 mg. Mais le 7 juin 2010, quelques jours avant la parution, le laboratoire Servier, fabricant du médicament, avait obtenu son retrait. La médecin et son éditeur, Charles Kermarec, avaient fait appel. Aujourd'hui, la cour d'appel de Rennes rend son arrêt concernant la censure partielle du titre. « Depuis, l'actualité a montré à quel point cette question était légitime », estime l'éditeur brestois. Livre parfois introuvable En novembre 2009, quand l'Agence française de sécurité sanitaire des produits de santé (Afssaps) retire du marché ce médicament, c'est grâce notamment aux travaux d'Irène Frachon. Mais après ? Le silence était « assourdissant », selon elle. Rien pour les victimes. Ni contre le laboratoire ou l'Afssaps. Elle écrit ce livre grand public comme un polar dans lequel elle relate son enquête pour « secouer le cocotier ». Elle y dénonce les dangers mortels de cet antidiabétique - en fait un coupe-faim -, commercialisé durant trente ans. Elle choisit le libraire Dialogues, qui vient tout juste de se lancer dans l'édition ! « Il m'a proposé d'éditer très rapidement. » Cinq mois suffiront. La décision du tribunal brestois d'annuler le sous-titre est un coup dur. 5 500 exemplaires ont été édités. Charles Kermarec doit les faire revenir à ses frais et réimprimer une nouvelle couverture. Déçu mais pas défait, il choisit un bandeau ironique, « sous-titre censuré » ! Une quarantaine d'éditeurs le soutiennent. Les médias relaient l'histoire. « Je craignais plusieurs procès de Servier. J'ai été protégé grâce au barrage médiatique, de la presse écrite en particulier. » Mais des librairies, devenues méfiantes, ne réclament pas l'ouvrage. Lequel est parfois introuvable. « Tout ça m'a coûté 25 000 €. Mais pas de quoi mettre mon entreprise en péril », assure-t-il. Le livre est lu par Gérard Bapt, cardiologue et député. Scandalisé, il écrit une tribune dans Le Monde en août 2010 : « Mediator, combien de morts ? » Il demande à l'Afssaps de réaliser une étude de mortalité. Fin novembre, les conclusions tombent : le Mediator aurait fait entre 500 et 2 000 morts. Le scandale éclate... « 9 100 exemplaires ont été vendus, indique Charles Kermarec. Pas mal mais pas extraordinaire. 300 000 Français en prenaient quotidiennement avant son retrait. Et cette histoire va bouleverser la politique de santé en France. » http://www.brest.maville.com/actu/actudet_--B-I-Mediator-I-B-le-livre-a-l-origine-du-scandale_dep-1667531_actu.Htm

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