samedi 8 janvier 2011

Enquête ouverte sur le scandale du Mediator

Depuis la révélation des dangers courus par les patients utilisant le Mediator, médicament destiné aux diabétiques en surpoids et largement détourné comme coupe-faim, les témoignages accablants s'accumulent. Aussi le parquet de Paris a-t-il ouvert une enquête préliminaire, qui a été confiée aux gendarmes de l'Office central de lutte contre les atteintes à l'environnement et à la santé publique (Oclaesp). Cette décision a été prise en décembre, "avant les premières plaintes, à la suite des révélations parues dans la presse" à propos du Mediator, a-t-on souligné de source judiciaire, précisant qu'à l'heure actuelle "une dizaine de plaintes ont été déposées" à Paris. Samedi, le laboratoire a réagi, adoptant une attitude d'ouverture et de transparence. "Le groupe collaborera pleinement à toutes les enquêtes", a annoncé une porte-parole de Servier. "C'est une bonne nouvelle, cela va enfin permettre d'établir la vérité", a-t-elle ajouté, en soulignant que les enquêteurs pourront se baser "sur de vrais documents officiels". Aucune perquisition au siège du groupe n'a encore eu lieu, a précisé la porte-parole. "Première victoire pour les victimes" De son côté, le président de l'Association des victimes de l'isoméride et du Mediator (AVIM), qui va déposer mardi cent dix plaintes contre le laboratoire Servier, a salué l'ouverture de enquête préliminaire, selon lui "une première victoire pour les victimes". Le Mediator a été commercialisé en France de 1976 à novembre 2009, date de son retrait du marché. Utilisé par cinq millions de personnes, il pourrait être responsable d'au moins 500 à 2000 décès, selon les estimations. Or les signaux d'alarme n'ont pas manqué au fil des années. Un rapport commandé par le laboratoire Servier, celui-là même qui fabriquait le Mediator, avait ainsi établi en octobre 2009 un lien entre le médicament et l'apparition de valvulopathies, une maladie cardiaque grave pouvant entraîner la mort. "Le Mediator, ce n'est que trois morts" Malgré cela, le laboratoire n'avait pas demandé la suspension de la commercialisation de son médicament, comme il en a pourtant la possibilité. Et le patron de Servier, Jacques Servier, fondateur et président du laboratoire, a de nouveau minimisé dernièrement la dangerosité du Mediator lors de ses voeux à son personnel. "Le Mediator, ce n'est que trois morts", aurait-il déclaré, selon Libération. "500 est un très beau chiffre marketing, mais il ne s'agit que de 3 morts. Les autres avaient déjà des valvulopathies". Si le médicament a été finalement retiré du marché, c'est à la suite des travaux d'une praticienne brestoise, Irène Frachon, qui a elle aussi dénoncé les dangers du médicament. Mais pour cela, elle s'est heurtée à de nombreux obstacles. Dans une récente interview, elle notait ainsi que "parmi les responsables des autorités sanitaires, parmi la communauté pharmacologique et cardiologique, il y a des personnes proches" du laboratoire Servier. "Les conflits d'intérêt sont palpables", soulignait-elle. Avant cela, des médecins de l'Assurance maladie de la région Bourgogne avaient alerté l'Agence du médicament dès mars 1998 du coût très élevé du médicament pour la collectivité ainsi que de son "efficacité" et de sa "sécurité". Et dès les années 70, soit dès le début de la commercialisation du Mediator, des praticiens avaient souligné les risques présentés par cette substance. Ce qui ne l'aura pas empêché d'être prescrite pendant plus de trente ans...
 http://lci.tf1.fr/science/sante/2011-01/enquete-ouverte-sur-le-scandale-du-mediator-6217286.html

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