dimanche 28 octobre 2012

Lorraine : une fillette de trois ans oubliée dans un car scolaire

La colère. L’indignation. L’affliction. Quels que soient les mots, ils témoignent de ce qu’éprouvent Céline et Romuald Heitz après la mésaventure survenue à leur fille de 3 ans, laissée seule dans un car scolaire durant toute la matinée de lundi. Révoltés, ils ont déposé plainte auprès de la gendarmerie.
Le couple habite à Viéville-en-Haye. C’est là, au seul arrêt de bus de ce village non loin de Pont-à-Mousson, que leur petite Élise prend tous les matins le car qui l’amène à l’école maternelle de Thiaucourt. Avec elle, d’autres enfants de son âge, des plus grands aussi qui sont dans le primaire.
Scolarisée depuis la dernière rentrée, la fillette ne va à l’école que la première moitié de la journée.

« Elle nous demandait pourquoi sa maîtresse l’avait punie »

« J’amène Élise vers 8 h 30, le car arrive à moins vingt », raconte Céline Heitz. « J’attends qu’elle monte, et je la regarde partir avant de tourner les talons. Il y a toujours une accompagnatrice pour s’occuper des petits. »
Toujours, sauf ce lundi matin. Les loupiots sont donc montés sous la seule responsabilité de la conductrice du bus. « On lui a fait confiance. »
C’est un coup de fil de la direction de la maternelle, vers midi, qui a prévenu la maman qu’il s’était passé quelque chose. « On m’a dit qu’elle était restée toute la matinée dans un bus, mais qu’apparemment elle allait bien », raconte-t-elle, avec beaucoup de difficultés à réprimer des sanglots. « Notre petite fille ne s’est pas détachée, et n’a donc pas pu descendre comme tous ses camarades. Logiquement, à la fin de sa tournée, un chauffeur est censé faire le tour de son bus, non ? » Renseignement pris, le règlement l’impose.
Quand Céline Heitz a retrouvé Élise, « elle était toute mouillée sous elle… » Plus grave, les parents l’ont sentie « terrorisée » parce qu’elle venait de vivre. « Elle qui d’habitude est pleine de vie et court partout, elle ne nous lâchait plus », rapporte le père. Le soir, elle a eu beaucoup de mal à s’endormir. « À minuit, elle faisait encore le cirque », ajoute sa femme. Hier matin, quand Élise s’est réveillée, elle ne voulait pas aller à l’école. « Elle nous demandait pourquoi sa maîtresse l’avait punie. Et elle pleurait quand je l’ai habillée. »
Convaincus que leur fille a été traumatisée, les époux Heitz ont accepté l’assistance psychologique proposée par le transporteur. Délégataire de ligne TED, la société Keolis admet bien « un grave dysfonctionnement ».
Le directeur d’exploitation, Denis Henrion, indique également que « cet événement a suscité une certaine émotion en interne ». Mais de préciser qu’il demeure rarissime. « Nous avons des procédures strictes, nous investissons fortement sur la formation. La sécurité étant notre préoccupation… » Il y aura une reremise en question, promet-il : « Le problème, on le reconnaît, il nous faut redoubler de vigilance. »
En revanche, le représentant de l’entreprise refuse de s’exprimer concernant une éventuelle sanction à l’encontre du chauffeur incriminé.
« Nous comprenons l’émotion de la famille, qui a vu son enfant de 3 ans laissée seule dans un bus durant trois heures, nous ne pouvons que témoigner de notre solidarité. » Du côté du conseil général, organisateur des transports scolaires de la maternelle au lycée, si Noël Guérard, vice-président en charge de la mobilité, fait part de compassion, il annonce aussi que « nous allons diligenter une enquête pour obtenir des explications. Nous devons tout faire pour que ça ne se reproduise pas. On se sent une responsabilité… »

http://www.estrepublicain.fr/actualite/2012/10/24/oubliee-dans-un-car-scolaire

Aucun commentaire: