Le couple habite à Viéville-en-Haye. C’est là, au seul arrêt de bus de ce village non loin de Pont-à-Mousson, que leur petite Élise prend tous les matins le car qui l’amène à l’école maternelle de Thiaucourt. Avec elle, d’autres enfants de son âge, des plus grands aussi qui sont dans le primaire.
Scolarisée depuis la dernière rentrée, la fillette ne va à l’école que la première moitié de la journée.
« Elle nous demandait pourquoi sa maîtresse l’avait punie »
« J’amène Élise vers 8 h 30, le car arrive à moins vingt », raconte Céline Heitz. « J’attends qu’elle monte, et je la regarde partir avant de tourner les talons. Il y a toujours une accompagnatrice pour s’occuper des petits. »Toujours, sauf ce lundi matin. Les loupiots sont donc montés sous la seule responsabilité de la conductrice du bus. « On lui a fait confiance. »
C’est un coup de fil de la direction de la maternelle, vers midi, qui a prévenu la maman qu’il s’était passé quelque chose. « On m’a dit qu’elle était restée toute la matinée dans un bus, mais qu’apparemment elle allait bien », raconte-t-elle, avec beaucoup de difficultés à réprimer des sanglots. « Notre petite fille ne s’est pas détachée, et n’a donc pas pu descendre comme tous ses camarades. Logiquement, à la fin de sa tournée, un chauffeur est censé faire le tour de son bus, non ? » Renseignement pris, le règlement l’impose.
Quand Céline Heitz a retrouvé Élise, « elle était toute mouillée sous elle… » Plus grave, les parents l’ont sentie « terrorisée » parce qu’elle venait de vivre. « Elle qui d’habitude est pleine de vie et court partout, elle ne nous lâchait plus », rapporte le père. Le soir, elle a eu beaucoup de mal à s’endormir. « À minuit, elle faisait encore le cirque », ajoute sa femme. Hier matin, quand Élise s’est réveillée, elle ne voulait pas aller à l’école. « Elle nous demandait pourquoi sa maîtresse l’avait punie. Et elle pleurait quand je l’ai habillée. »
Convaincus que leur fille a été traumatisée, les époux Heitz ont accepté l’assistance psychologique proposée par le transporteur. Délégataire de ligne TED, la société Keolis admet bien « un grave dysfonctionnement ».
Le directeur d’exploitation, Denis Henrion, indique également que « cet événement a suscité une certaine émotion en interne ». Mais de préciser qu’il demeure rarissime. « Nous avons des procédures strictes, nous investissons fortement sur la formation. La sécurité étant notre préoccupation… » Il y aura une reremise en question, promet-il : « Le problème, on le reconnaît, il nous faut redoubler de vigilance. »
En revanche, le représentant de l’entreprise refuse de s’exprimer concernant une éventuelle sanction à l’encontre du chauffeur incriminé.
« Nous comprenons l’émotion de la famille, qui a vu son enfant de 3 ans laissée seule dans un bus durant trois heures, nous ne pouvons que témoigner de notre solidarité. » Du côté du conseil général, organisateur des transports scolaires de la maternelle au lycée, si Noël Guérard, vice-président en charge de la mobilité, fait part de compassion, il annonce aussi que « nous allons diligenter une enquête pour obtenir des explications. Nous devons tout faire pour que ça ne se reproduise pas. On se sent une responsabilité… »
http://www.estrepublicain.fr/actualite/2012/10/24/oubliee-dans-un-car-scolaire
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