vendredi 5 octobre 2012

A Nice, donner son corps à la science peut coûter cher

Un Grassois, dont la mère avait décidé de donner son corps à la science, s’est vu réclamer 2 000€ au titre du transport et de la crémation. Faute d’argent, il n’a pu honorer ses dernières volontés

Françoise, décédée le 3 septembre dernier dans sa soixante-douzième année, avait prévu dès 1983 de faire don de son corps à la science. Au lieu de cela, elle vient d'être inhumée dans le cimetière des démunis de Grasse, faute pour son fils Didier d'avoir pu régler les 2 000 euros que lui réclamait l'hôpital de la ville pour la prise en charge de la dépouille par la faculté de médecine de Nice. Didier, sans ressources, est doublement inconsolable. Il déplore la perte de sa mère et se reproche de n'avoir pu honorer ses dernières volontés.

Manuel Bantignie, un proche de la famille, est lui aussi indigné. S'il a décidé de rendre public ce dossier, c'est dans l'espoir d'attirer l'attention sur une situation à ses yeux indécente et inique. « D'autres établissements prennent les frais à leur charge, c'est la loi », assure-t-il.

C'est effectivement le cas des laboratoires des facultés de médecine de Lille et de Reims, ou encore de l'École de chirurgie de l'Assistance publique des hôpitaux de Paris. À Clermont-Ferrand, Nantes, Poitiers, Tours, un forfait d'un montant variable mais toujours inférieur à 1 000 e est appliqué.

Transport, crémation

La faculté de médecine de Nice, comme d'autres d'ailleurs, répercute les frais de transport, de cercueil et de crémation, selon la facturation établie par les sociétés de pompes funèbres.

« Une directive du ministère de la Santé prévoit la gratuité pour la famille », admet le doyen Daniel Benchimol qui évoque des contraintes budgétaires. Un technicien du laboratoire confirme : « Nous recevons plus de cent corps dans l'année sur une zone couvrant les Alpes-Maritimes, les Alpes-de-Haute-Provence, la Corse et une partie du Var. Si nous en supportions le coût, nous devrions débourser plusieurs centaines de milliers d'euros. »

Le don est pourtant très précieux. Indispensable à la formation des étudiants en médecine, il l'est aussi à la recherche. Des donateurs prennent les devants en prévoyant un ordre de virement bancaire ou en souscrivant à une convention obsèques auprès d'une mutuelle ou d'une compagnie d'assurances. Françoise ne l'avait pas fait, et pour cause. « En 1983, personne ne lui avait parlé de frais », témoigne son fils.

http://www.nicematin.com/nice/a-nice-donner-son-corps-a-la-science-peut-couter-cher.1005465.html

Aucun commentaire: