mercredi 10 octobre 2012

Factrice à La Poste : « J’étais apte à faire des CDD, mais inapte à l’embauche »

« J’étais bonne pour des CDD, mais pas pour un CDI. Je ne suis pas malade, je peux encore travailler ! » Vanita Phébur, 28 ans, ne cache pas son amertume. Malgré un sourire qui ne la quitte jamais, cette mère célibataire qui vit à Rillieux-la-Pape, a du mal à comprendre pourquoi La Poste ne l’a pas embauchée après près deux ans de contrats à durée déterminée. Elle raconte : « Je suis arrivée de Martinique en juillet 2010 afin de trouver du travail et je suis entrée comme factrice à La Poste, à Lyon, en septembre de la même année ».

Elle déclare une sclérose en plaques en 2011

Professionnelle, volontaire, Vanita Phébur fait rapidement ses preuves. Ses contrats et ses missions s’enchaînent jusqu’au printemps 2011, lorsqu’un matin, elle se réveille en partie paralysée. Le diagnostic tombe rapidement : elle est atteinte d’une sclérose en plaques.
« Je n’ai rien lâché pour autant et j’ai été déclarée apte lors d’une visite médicale de reprise du travail. J’ai repris mon poste dès juillet », explique-t-elle, alors qu’elle ne garde aucune séquelle visible de cet épisode.
Ses contrats se poursuivent. Elle évolue au sein de différents bureaux dans plusieurs arrondissements de Lyon, dans le 6 e et le 8 e. Et, fin 2011, La Poste lui propose d’accéder à une formation pour passer en CDI dès la fin de son contrat de professionnalisation, le 3 juillet 2012. Vanita Phébur accepte et allonge ses journées. La mère célibataire jongle entre les cours, son travail, les leçons à apprendre et son fils de six ans qu’elle élève seule.
« Mais tout s’est écroulé en mars 2012 », explique-t-elle. Après une visite médicale du travail obligatoire, elle est déclarée inapte au métier de facteur en raison de sa sclérose en plaques. Un deuxième entretien médical viendra confirmer la décision. Elle ne sera donc pas conservée après la fin de son contrat de professionnalisation et est aujourd’hui au chômage depuis juillet dernier.
« Huit mois plus tôt j’avais été déclarée apte par la médecine du travail… En mars dernier, on m’a demandé ce que j’avais comme problème de santé et j’ai mentionné ma sclérose en plaques. J’ai voulu être honnête, malheureusement je n’aurais jamais dû en parler. On m’a dit que mon état s’était dégradé, qu’ils ont estimé que dans cinq ans, ils ne savent pas comment je serai. Mais contrairement à ce qui m’a été dit, mon état ne s’est pas dégradé depuis 2011. Quand on connaît ma maladie et que l’on voit que je suis encore sur mes deux jambes et que je peux courir, on ne peut pas dire cela », lâche-t-elle. Et d’ajouter : « Pendant deux ans je me suis levée à 4 heures du matin, qu’il pleuve, qu’il vente qu’il neige, j’emmenais mon petit chez la nounou avant de prendre le bus pour aller au travail. Je changeais de tournée tous les jours, j’allais dans des endroits difficiles et là, mon état de santé ne leur posait aucun problème », soupire-t-elle.
Après avoir été déclarée inapte, Vanita Phébur a déposé un dossier pour être reconnue « travailleur handicapé ». Mais le processus est long et elle n’a pas encore reçu de réponse. Elle regrette aujourd’hui qu’aucune autre solution ne lui a été proposée et s’estime encore capable de travailler : « La Poste ne m’a rien proposé de concret quand mon contrat s’est terminé début juillet. On m’a fait travailler durant près de deux ans en CDD sans problème et là ça ne va plus ? Je n’ai pas accumulé les arrêts maladie à ce que je sache… Pourquoi du jour au lendemain je ne suis plus bonne ? Aujourd’hui j’ai peu de ressources alors que je dois payer mon loyer et élever mon enfant. Moi, je veux seulement travailler. Malgré ma maladie, je suis en forme et je ne baisse pas les bras, je continue le combat pour mon fils. Mais c’est dur psychologiquement ».
Pour des raisons liées au secret médical, nous n’avons pu avoir accès au service de médecine du travail de La Poste.

Aucun commentaire: