dimanche 8 juillet 2012

Il dénonce une collègue qui dealait, l'association le licencie

Un ancien chef de service d'une association de prévention de la toxicomanie a poursuivi mercredi devant les prud'hommes d'Angers son employeur pour l'avoir "placardisé", puis "licencié" après qu'il a dénoncé les pratiques d'une infirmière qui dealait au sein de l'établissement.

Soutenu par une cinquantaine de collègues, patients et parents de toxicomanes, Jean-Noël Delzenne, 59 ans, a raconté comment il avait été, selon lui, "placardisé" à l'automne 2010 après avoir averti sa direction des agissements de sa collègue qu'un patient toxicomane lui avait signalé. Mise à pied, celle-ci l'avait alors accusé de détournement de méthadone et de harcèlement sexuel, entraînant la mise à pied du chef de service. Réintégré après une enquête interne, ce dernier avait été privé de ses principales prérogatives, dont les entretiens individuels, l'accompagnement du sevrage au CHU d'Angers et la formation.

"Protéger l'honneur de l'association du scandale"

"Je n'avais jamais fait l'objet du moindre blâme ou avertissement de toute ma carrière. Je devais partir à la retraite en décembre 2013, cette histoire m'a démoli", a expliqué Jean-Noël Delzenne, qui a été hospitalisé trois semaines en psychiatrie et a été licencié pour "inaptitude". "Il lui a été demandé de se recentrer sur sa responsabilité de chef de service, ce qu'il n'a pas accepté. L'affaire a été le révélateur d'un dysfonctionnement dans ses pratiques de management", a soutenu l'avocat de l'Association ligérienne d'addictologie, son employeur, évoquant les conséquences de la réorganisation de cette structure, née de la fusion de plusieurs associations.

"Cet homme est la tête qu'on a coupée pour protéger l'honneur de cette association du scandale qui venait d'y éclater", a défendu Me Vogoyau, l'avocat de Jean-Noël Delzenne, signalant que l'ensemble de son équipe avait démissionné ou été poussée vers la sortie depuis.

Sur le plan pénal, l'infirmière a fait en février l'objet d'un simple rappel à la loi après la découverte de commande par SMS de "têtes de cannabis" sur son téléphone portable, a indiqué la procureure de la République à Angers, Brigitte Angibaud. Celle-ci avait été saisie sur une plainte personnelle du chef de service. Le conseil des prud'hommes rendra sa décision le 19 septembre.

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