jeudi 12 juillet 2012

Affaire Merah : les enregistrements diffusés par TF1 font scandale

TF1 devait-elle diffuser ou non des extraits audio des négociations entre Mohamed Merah et les policiers ? La question fait polémique ce lundi : familles des victimes, politiques et le monde religieux regrettent, TF1 assume et se justifie.
  • Diffusion dimanche sur TF1, le CSA gronde
Dimanche, l'émission 7 à 8 de TF1 a diffusé une partie des enregistrements audio où l'on entend le "tueur au scooter" dialoguer avec des policiers les 21 et 22 mars, et expliquer d'un ton posé, calme, ses crimes comme ses projets criminels à venir. La chaîne affirme disposer d'une bande de quatre heures et demie d'enregistrements.

Quelques heures plus tard, le CSA (Conseil supérieur de l'audiovisuel) a déconseillé aux chaînes de rediffuser ces extraits. Selon la porte-parole du CSA, le président de l'organisme, Michel Boyon, et Rachid Arab, membre du comité de déontologie du CSA, "ont contacté les dirigeants des chaînes (de radio et de télévision, NDLR) pour les appeler à la responsabilité et leur déconseiller de rediffuser les extraits en question".
  • Les proches des victimes "scandalisés"
Après la diffusion de ces extraits sur TF1, les proches des victimes de Mohamed Merah se sont dits "scandalisés d'apprendre le contenu de ces négociations à la télévision".
Une des avocats des familles, Me Samia Maktouf , craint qu'"à ce rythme, les vidéos des tueries se retrouveront sur la toile et l'atteinte sera alors irrémédiable".
Les proches des victimes avaient annoncé saisir la justice en urgence pour obtenir l'interdiction de toute diffusion des enregistrements. "Nous allons demander au parquet, conjointement avec les autres parties civiles, d'enclencher une procédure d'urgence pour bloquer la diffusion de ces enregistrements, par tout moyen et sur tout support", a dit Me Béatrice Dubreuil.
"Les juges avaient assuré aux familles que ces enregistrements seraient placés sous scellés et qu'un dispositif d'alerte serait mis en place. C'était un point extrêmement important pour elles".
  • Enquête pour violation de l'instruction
Le parquet de Paris a ouvert dimanche une enquête préliminaire pour violation du secret de l'instruction.
L'Inspection générale de la police nationale (IGPN), la "police des polices", a été chargée de mener une enquête administrative et une enquête pénale sur la diffusion de ces enregistrements, dimanche par TF1.
  • Valls "regrette", Pécresse "choquée"
Dimanche, dans un communiqué, Manuel Valls, ministre de l'Intérieur, a dit "regretter cette diffusion au moment même où la justice est saisie. Aucune précaution n'a été prise pour respecter les familles des victimes".
Pour Manuel Valls, "il convient donc de s'interroger sur les moyens par lesquels le diffuseur a pu se procurer ledit enregistrement".
L'ancienne ministre UMP Valérie Pécresse s'est déclarée "choquée" et craint l'"effet de contamination" que cela pourrait avoir sur certains. "J'ai été choquée", a-t-elle dit sur France Inter, avant d'en appeler à l'"esprit de responsabilité" pour que les radios et télévisions qui pourraient disposer de tels enregistrements ne les diffusent pas.
  • CRIF : une colère "justifiée"
Le président du Conseil représentatif des institutions juives de France (Crif) a jugé ce lundi "justifiée" la colère des familles "Je trouve les réactions des familles justifiées. Entendre cet assassin plastronner est insupportable pour les familles", a dit à l'AFP Richard Prasquier.
"Tous ceux qui ont osé dire que Mohamed Merah était le produit des échecs de la société comprendront ce que c'est que l'endoctrinement dans les réseaux islamistes radicaux", a-t-il ajouté.
  • TF1 : "des informations très importantes"
Catherine Nayl, la directrice de l'information de TF1, a répondu aux critiques. Selon elle, "ces extraits contenaient "des informations très importantes sur la façon dont les hommes du Raid ont négocié. Nous l'avons fait en conscience parfaite de ce que cela pouvait avoir comme valeur informative".
"Je pense que ce document prouve que, jusqu'au bout du raid, les négociateurs ont essayé d'arrêter Mohamed Merah, et de l'arrêter vivant. Toutes ces informations, qui sont des informations nouvelles par rapport à l'affaire Merah, nous ont semblé importantes à diffuser. C'est pour cela que nous avons décidé de le faire. Nous sommes des journalistes, notre travail, c'est d'informer", a insisté Catherine Nayl.
Interrogé sur Europe 1, Harry Roselmack dit ne pas comprendre ce qui leur est reproché : "Toutes les précautions ont été prises : nous avons expurgé du document brut les éléments qui auraient pu choquer le public et les familles des victimes. Nous avons aussi enlevé les éléments de langage propagandistes, qui faisaient beaucoup référence à la religion et au terrorisme".
L'émission a été retirée du site de TF1, fait remarquer PCinpact. "Ces éléments, laissés sur Internet, pouvaient être repris par d'autres et nous en perdions la maîtrise éditoriale. Nous continuerons à diffuser ces éléments, mais sans les surexploiter", explique Harry Roselmack.

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