lundi 12 décembre 2011

EasyJet a-t-elle discriminé des passagers handicapés ?

Karine voulait aller à Porto. Laurent, lui, se rendait à Nice. Quant à Miloudi, il était en partance pour Casablanca. Le point commun entre ces trois personnes ? Se trouver en situation de handicap. Avoir acheté des billets EasyJet. S'être vu refuser l'embarquement au motif qu'elles n'étaient pas accompagnées. Leur mésaventure a eu lieu à l'aéroport de Roissy en novembre 2008 et en janvier 2009. Vendredi matin, ces trois voyageurs refoulés se retrouvent au tribunal de Bobigny devant lequel ils ont assigné la compagnie aérienne à bas coûts pour discrimination. C'est la première fois qu'EasyJet est jugée pour ce délit.
Raison invoquée par la compagnie pour justifier ces refus d'embarquement ? La sécurité. "Une réglementation européenne autorise les compagnies à refuser qu'une personne handicapée embarque si elle n'est pas accompagnée, s'il y a un risque pour la sécurité", développe l'avocat d'EasyJet, Me Philippe Van der Meulen interrogé par l'AFP. Selon lui, "chaque année, easyJet embarque environ 350.000 personnes à mobilité réduite, qui sont accompagnées ou qui sont suffisamment autonomes pour embarquer seules et évacuer l'appareil rapidement en cas de problème".


Et le vieillard de 95 ans ?
"Une personne en situation de handicap peut voyager seule dès lors qu'elle peut accrocher ou décrocher sa ceinture, mettre son masque à oxygène et comprendre les messages de sécurité", fait valoir Jean-Marie Barbier, président de l'APF, l'association des Paralysés de France. Avec le Défenseur des droits, elle est partie civile dans ce procès. L'APF précise que les trois voyageurs refoulés, tous paraplégiques, ont l'habitude de voyager seul. Laurent avait d'ailleurs pu effectuer l'aller Nice-Paris sans souci avec EasyJet.


Pour leur défenseur, Me Patrick de la Grance, le vrai motif du refus tient plus du coût que de la sécurité. "Le modèle économique d'EasyJet est un modèle à bas coût avec un personnel navigant réduit, explique l'avocat à TF1 News. Et c'est vrai que la prise en charge d'une personne handicapée prend un peu plus de temps et mobilise un peu plus de personnes..." Et d'ironiser : "Dans ce cas-là, il faudrait aussi interdire aux gens avec une jambe dans le plâtre ou au vieillard de 95 ans de voyager seul au motif de la sécurité..."
http://lci.tf1.fr/france/justice/easyjet-juge-pour-discrimination-envers-des-passagers-handicapes-6869708.html

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