mardi 18 septembre 2012

Scandale dans le charbon indien

Le Parlement indien ne peut plus fonctionner. Le principal parti d’opposition, le BJP demande la démission du Premier ministre, pris dans un scandale d’attribution de concessions minières. Le Central Bureau of Investigation a lancé des procédures contres plusieurs compagnies dont les énergéticiens Tata Power, Reliance Power, GVK Power, les sidérurgistes Jindal Steel et Arcelor Mittal, le producteur de métaux non ferreux Hindalco, et le cimentier Grasim Industries. Le « Coalgate », comme la presse indienne a nommé cette affaire, bouleverse l’économie et la politique du pays.

L’économie indienne manque de charbon, et ses usines souffrent de pannes d’électricité à répétition. Ses centrales thermiques sont en effet incapables de répondre à la demande. Et pourtant le sous-sol du pays contient 118 milliards de tonnes de houille noire, selon les dernières estimations, datant du 1er avril 2012, publiées par le Geological Survey of India, l’organisme de recherche géologique et minière du pays. Des réserves qui placent l’Inde au quatrième rang mondial, derrière les Etats-Unis, la Russie et la Chine. Et pourtant la production de Coal India, le géant local du charbon – encore contrôlé à 90% par l’état indien et avec pratiquement 400 000 salariés, le plus important employeur du pays –, était encore inférieure à 400 millions de tonnes (Mt) de charbon thermique pour l’année fiscale 2011-2012, soit 4 fois moins que la production chinoise.

Coal India a ainsi refusé d’exploiter une vingtaine de gisement, affirmant qu’ils n’étaient pas rentables par rapport aux prix pratiqués sur les marchés. Conséquence, l’Inde est obligée d’acheter 110 Mt de charbon-vapeur sur les marchés internationaux. Ce qui n’a pas été suffisant pour permettre aux énergéticiens indien de développer les 60 000 mégawatts de capacité électrique nécessaires au rééquilibrage du réseau électrique. L’électricité est à 70% d’origine thermique en Inde.

Pour accélérer l’exploitation de ses gisements charbonniers, l’Etat avait alloué 142 blocs miniers à 58 compagnies depuis juillet 2004, sans passer par les classiques appels d’offre. Une méthode qui n’a guère eu de succès puisque les gisements n’ont pas été développés, entrainant un manque à gagner théorique de 33 milliards de dollars, estime le Controller Auditor General, l’équivalent indien de notre cour des Comptes. L’actuel Premier ministre, Manmohan Singh, était déjà au même poste en 2004, responsable de surcroit des mines de charbon. Pour se justifier il explique que cette procédure a été rendue nécessaire par l’opposition des partis de gauche – alors ses alliés au gouvernement – aux privatisations, ainsi que celle des principaux Etats charbonniers, contrôlés par le BJP

http://indices.usinenouvelle.com/charbon/
http://indices.usinenouvelle.com/metaux-non-ferreux/

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