samedi 16 juillet 2011

Pédophilie : la nouvelle affaire qui ternit l'Eglise d'Irlande

Le chef de la diplomatie irlandaise, Eamon Gilmore, a annoncé jeudi au Parlement qu'il allait rencontrer le représentant du pape à Dublin pour lui faire part de son "inquiétude" quant à l'attitude de l'Eglise dans une nouvelle affaire d'abus sexuels impliquant des prêtres. Il a souligné qu'il partageait "le sentiment d'indignation" suscité par la publication la veille d'une enquête gouvernementale portant sur des accusations d'abus sexuels sur des enfants qu'auraient commis 19 religieux. Ce rapport concluait que la réponse des autorités catholiques irlandaises à ces affaires avait été "inadéquate et inappropriée".
L'enquête, qui a duré deux ans, portait sur des plaintes déposées entre 1996 et 2009 dans le diocèse de Cloyne, dans le sud de l'Irlande. Les quarante victimes identifiées au cours de l'enquête se sont senties "abandonnées par l'Eglise", selon le rapport de 400 pages publié mercredi. "Elles ont eu l'impression (...) que la seule préoccupation (de l'Eglise catholique) était la protection de l'institution plutôt que le bien-être des enfants", notaient les auteurs de ce document.

Le Vatican n'a été "d'absolument aucune aide"

Les révélations d'agressions sexuelles commises par des prêtres dans le passé ont déjà ébranlé, ces dernières années, l'autorité de l'Eglise catholique en Irlande et dans le monde. Mais le rapport rendu public mercredi montre que les responsables du clergé irlandais ont tenté d'étouffer des affaires jusque très récemment. "Il ne s'agit pas d'une énumération de dysfonctionnements remontant à une époque différente de la nôtre. Il ne s'agit pas de l'Irlande d'il y a 50 ans. Il s'agit de l'Irlande d'aujourd'hui", a souligné la ministre de l'Enfance, Frances Fitzgerald, lors d'une conférence de presse.

L'évêque anciennement responsable du diocèse de Cloyne, John Magee, ancien secrétaire particulier de trois papes, a assuré à tort à la police qu'il lui signalait tous les cas supposés de pédophilie portés à sa connaissance, est-il notamment écrit dans le rapport. Il a démissionné en mars 2010 à la suite d'une enquête interne à l'Eglise soulignant que son traitement des accusations de pédophilie avait exposé des enfants au danger d'en être victime. John Magee a présenté des excuses aux victimes mercredi et a formulé l'espoir que ce rapport gouvernemental marquerait "le nouveau commencement que nous avions tous espérés en 1996".

A la suite de la publication de ce rapport, le ministre de la Justice, Alan Shatter, a fait savoir que le gouvernement irlandais soumettrait au parlement un projet de loi prévoyant cinq ans d'emprisonnement pour les ecclésiastiques ne partageant pas avec les autorités leurs informations au sujet d'actes de pédophilie. Mais le document n'accuse pas seulement l'attitude de l'Eglise d'Irlande : il souligne aussi que le Vatican n'a été "d'absolument aucune aide" lorsqu'il a qualifié de "simple document d'étude" les directives de l'Eglise irlandaise quant au traitement des affaires de pédophilie. Et le ministre de la Justice d'accuser : "Les directives de l'Eglise n'ont pas été appliquées et il est assez évident que le Vatican s'est fait le complice de cette situation".

Aucun commentaire: