vendredi 11 février 2011

EXCLUSIF - Affaire Treiber : le livre qui va faire scandale

Le policier qui a mené l'enquête sur le double assassinat de Géraldine Giraud et Katia Lherbier sort un livre choc. Il y accuse la tante de Géraldine d'être la complice du garde-chasse. Le Point a pris connaissance de certains passages. Édifiant. La préface est du comédien Roland Giraud. Le livre s'intitule L'affaire Treiber et doit sortir le 17 février prochain aux éditions du Rocher. Son auteur n'est autre que le commandant Cunault, celui qui a dirigé l'enquête sur le double assassinat de Géraldine Giraud et Katia Lherbier. Alors que l'affaire Treiber est judiciairement morte après le suicide, il y a tout juste un an, de Jean-Pierre Treiber, l'assassin présumé, ce policier à la retraite livre son propre scénario du dossier. Une première dans les annales judiciaires. Un scandale en perspective. Dans le dernier chapitre, intitulé "En guise de conclusion : mon scénario", le commandant Cunault accuse Marie-Christine Van Kempen d'être la complice de l'ancien garde-chasse. "Marie-Christine Van Kempen pourrait être la commanditaire : elle commande une expédition punitive à Jean-Pierre Treiber en lui promettant de l'argent", écrit le policier. Motif ? Le dépit amoureux. "On sait que la relation de Marie-Christine Van Kempen avec Katia Lherbier est trouble. Elle est visiblement amoureuse de Katia", poursuit le commandant. À l'est, rien de nouveau. Cette version a toujours été défendue par le policier, notamment dans son rapport de synthèse final. Une version que la justice a définitivement rejetée. En effet, après 4 ans d'instruction et un supplément d'information, la tante de Géraldine a bénéficié d'un non-lieu. Une décision alors mal vécue par le commandant Cunault et le père de Géraldine Giraud, lui-même convaincu de la culpabilité de sa belle-soeur, avec laquelle il entretenait, bien avant le début de l'affaire, des relations tumultueuses, voire conflictuelles. Prudence Aujourd'hui, la colère semble avoir changé de camp. La famille Van Kempen ne supporte pas cette mise en cause. D'autant que l'ex-directeur d'enquête ne semble apporter aucun élément nouveau dans son livre. "Il faut rester prudent, mais, si ces propos sont exacts, c'est de l'acharnement policier, commente Me Frénot, l'avocat de la tante de Géraldine. Je vais lire attentivement le livre ; si certains passages sont diffamatoires et ne tiennent pas compte des décisions de justice, je saisirai le juge des référés pour demander le retrait de l'ouvrage ou de certains de ses passages. Par ailleurs, je compte attaquer en diffamation avec citation directe l'ancien policier." La tante de Géraldine Giraud n'est pas la seule à faire les frais des états d'âme du commandant Cunault. Patricia Darbaud, l'amie de Jean-Pierre Treiber, soupçonnée un temps de complicité avant d'être, elle aussi, définitivement blanchie, est accusée dans le livre d'avoir assisté au scellement du pacte entre Treiber et la tante. "Au cours du mois d'octobre 2004, peut-être le 19, Marie-Christine Van Kempen, Jean-Pierre Treiber et Patricia Darbaud se sont bien rencontrés au café de l'Espérance, même si la téléphonie n'en porte aucune trace", constate le policier. Là encore, les affirmations du fonctionnaire ne reposent sur aucun élément nouveau mais seulement sur son intime conviction. Seul le témoignage de la gérante du café, considéré par la justice comme pas assez crédible, est mis en avant : "Moi, je crois au témoignage de Mme Nabias, la patronne du bar de l'Espérance. Je sais dans quelles circonstances elle m'a donné ce renseignement. Elle a bien réfléchi parce qu'elle savait que c'était grave. Elle trouvait horrible l'assassinat des deux filles. Son témoignage lui a causé un grand préjudice. Et la description précise qu'elle m'a faite d'un manteau de fourrure qui existe et qui a été porté par Marie-Christine Van Kempen confirme ses dires." Coups de griffe Des extraits qui font bondir Me Marie-Thérèse Walter-Crastre, l'avocate de Patricia Darbaud, "Il est inadmissible et intolérable que cet ancien directeur d'enquête, aujourd'hui à la retraite, se permette de remettre en cause une décision de justice. Ma cliente a bénéficié d'un non-lieu définitif. C'est une atteinte à son image et une diffamation caractérisée que nous allons poursuivre." Dans son dernier chapitre, le commandant Cunault donne ses coups les plus durs à Jean-Pierre Treiber, qu'il accuse d'avoir tué auparavant. "Au moment où il accomplit cette agression, qui rend service à Marie-Christine Van Kempen, quelque chose se réveille en lui qui est de l'ordre de la volupté. Il a déjà tué, on en a des soupçons, notamment à l'époque où il était garde-chasse à Mulhouse", confie le commandant Cunault. Le policier se fait alors psychologue. "Donc, quelque chose qui était peut-être enfoui, oublié... surgit, et il passe dans une autre dimension, qui est de l'ordre du plaisir. De plus, il n'aime pas les homosexuelles, on peut imaginer qu'il a éprouvé une jouissance supplémentaire à les exécuter. Il décide de les éliminer. Il va chercher la chloropicrine et les tue. Il les gaze comme des animaux nuisibles." Intime conviction Pour le commandant Cunault, Treiber est "un pervers, une ordure barbare". Quant à Marie-Christine Van Kempen, il pense qu'elle se refuse à réaliser la gravité de ce qu'elle a fait. Et de conclure : "Elle n'en assumera jamais les conséquences : elle est libre, même si cette liberté a un sale goût." Contacté par Le Point, Patrick Mahé, directeur général des éditions du Rocher, estime que "c'est l'intime conviction d'un policier, ce n'est pas la remise en question d'une décision de justice. On a donné la parole à cet enquêteur qui est encore à vif". Pas sûr que cette "intime conviction" soit partagée par tous.
http://www.lepoint.fr/societe/exclusif-affaire-treiber-le-livre-qui-va-faire-scandale-10-02-2011-1294157_23.php

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