vendredi 13 mars 2015

Quinze jours pour récupérer le corps d'Elia, bloqué à Toulouse

«Incompréhensible, inadmissible, inacceptable», s'indigne Jean-Luc Cantaloube, maire de Saint-Antonin-de-Lacalm et président de la communauté de communes Centre Tarn, qui «n'a jamais vu ça». «Terrible, cauchemardesque, ubuesque», complète Françoise, fille de la disparue. Elia Amiel, 86 ans, est décédée jeudi 26 février à 20 heures à l'hôpital Purpan de Toulouse. Quinze jours après, sa famille n'a toujours pas pu récupérer le corps, pour pouvoir inhumer dignement l'aïeule dans le caveau qui l'attend à Saint-Antonin-de-Lacalm, au côté de feu son époux.
«Maman se plaignait de maux de ventre. On suspectait une péritonite. On l'a transportée à l'hôpital d'Albi, d'où elle a été transférée à Purpan, dans l'unité Pierre-Paul-de-Riquet. On nous a dit l'avoir mise dans un coma artificiel, pour ne pas qu'elle souffre, avant de lui enlever l'estomac», dit Françoise.

«Des cauchemars la nuit»

La vieille dame n'a hélas pas survécu. C'est alors qu'après celle de sa perte, une autre épreuve douloureuse attendait les siens. Sur les causes de la mort, «l'hôpital aurait eu un doute, demandant un examen à l'institut médico-légal de Toulouse, qui n'aurait rien révélé d'anormal. Depuis, plus rien pendant deux semaines», dit le maire de cette commune de 260 habitants, qui se démène depuis une semaine pour aider ses administrés dans la difficulté.
La famille décrit une situation kafkaïenne, des services qui se renvoient la balle, d'un courrier entre Toulouse et Albi qui se serait perdu... «Le porteur a dû y aller à vélo, et crever trois fois en route. Parfois, on en rirait presque», dit Françoise au nom des proches, qui sont à bout. «Nous sommes quatre enfants heureusement. On s'épaule. Il y a aussi les huit petits-enfants et les dix arrière-petits-enfants. Certains en font des cauchemars la nuit.» «Un calvaire» vigoureusement dénoncé par le maire, qui «ne sachant plus quel levier actionner», a alerté «La Dépêche du Midi». Pour lui, le trop long silence des autorités alimentait «toutes les suppositions les plus variées et les plus extrêmes. Qu'il y ait eu un problème administratif ou technique, on peut le comprendre», mais ce qui excède le plus l'élu local, «c'est que personne n'ait eu la décence et le courage d'informer la famille».

Débloqué hier soir

«Le corps a bien été examiné le 27 février par l'Institut médico-légal. Le CHU a suivi la procédure et a transmis les documents dans les temps. Il n'y a aucun souci de ce côté-là», confirme Dominique Soulié, directeur de la communication de Purpan, qui renvoie sur le parquet de Toulouse, injoignable hier.
Le maire a aussi fait appel «au secrétaire général de la préfecture du Tarn, Hervé Tourmente, le seul à s'être mobilisé et qu'il faut remercier». Des efforts qui ont fini par payer : «J'ai reçu le permis d'inhumer hier soir jeudi. Le corps va pouvoir être rapatrié. On nous a annoncé que la dame est morte de complications digestives. Tout ça pour ça», dit le maire, partagé entre agacement et soulagement. Demandant à ce «qu'on revienne à des pratiques plus humaines», Jean-Luc Cantaloube espère que ce cas édifiant «servira à ce que nul ne revive ça à l'avenir».
«Tout ce qui nous intéresse, dit la fille d'Elia Amiel, c'est de pouvoir enfin l'enterrer, et de faire notre deuil.»
http://www.ladepeche.fr/article/2015/03/13/2066056-quinze-jours-recuperer-corps-elia-bloque-toulouse.html

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