jeudi 5 mars 2015

À l'hôpital, les soignants négligent les règles d'hygiène

Une étude sur le personnel à Marseille révèle que moins d'un soignant sur cinq se lave les mains avant d'entrer en contact avec les malades.
En cette période d'épidémie de grippe, il y a un fait qui a de quoi inquiéter les malades hospitalisés: un soignant sur cinq seulement, se lave les mains avant de les toucher. Le chiffre dévoilé il y a quelques semaines lors des États généraux des infections nosocomiales est plus que jamais d'actualité. Car, faut-il le rappeler?, le virus de la grippe et bien d'autres microbes se transmettent par les mains.
«Nous avons nous-mêmes été très étonnés par ces résultats », reconnaît le professeur Philippe Brouqui, chef du service des maladies infectieuses à l'initiative de l'expérience. Jusqu'à présent l'évaluation de l'hygiène des mains reposait soit sur une observation réalisée par des personnes étrangères au service qui suivaient les équipes, soit sur l'étude des volumes de solutions hydroalcooliques consommées. Deux méthodes qui possèdent forcément des biais.
Pour être au plus près de la réalité l'équipe du service a accepté de porter des chaussures dont les talons sont munis de puces électroniques. Plusieurs antennes destinées à repérer ces puces ont été installées aux endroits clés: sous le dispensateur de solution hydroalcoolique en dehors de la chambre, à l'entrée de la chambre et sous le dispensateur situé dans la chambre. Une dernière antenne, au niveau du lit, délimite une «zone de sécurité» où le soignant ne devrait pas pénétrer sans s'être frictionné les mains. Le verdict est sans appel: 22,6 % du personnel soignant se lave les mains avant d'entrer en contact avec les malades et 21 % le font uniquement après. Nous sommes bien loin des taux de lavage des mains de près de 70 % observés lors d'un audit national réalisé par le groupe d'évaluation des pratiques en hygiène hospitalière publié en 2011.
«Dans la vraie vie nous sommes à 20 %, alors même que nous sommes un des services qui consommons le plus de solutés hydroalcooliques… ce qui signifie que cet indicateur n'est pas pertinent », analyse Philippe Brouqui. Aujourd'hui le service des maladies infectieuses de Marseille est passé à l'étape suivante. Le personnel soignant reçoit régulièrement des SMS qui tiennent chacun au courant de sa pratique personnelle. Selon Philippe Brouqui, ce simple rappel a multiplié par deux le taux de lavage des mains. Étape suivante: une alarme se mettra à sonner à chaque fois qu'un soignant s'approchera du lit du malade sans s'être lavé les mains. Reste à savoir si cette mesure concernera tout le personnel et tous les actes.
«Au quotidien, ce n'est pas si simple de se laver les mains en permanence. Si vous avez des gants, si vous tenez un plateau, des médicaments…. Pour progresser et atteindre notre cible nous devons déterminer les gestes les plus à risques pour les patients », estime Philippe Brouqui. Car le but est d'être efficace pour parvenir à faire baisser le nombre d'infections nosocomiales, c'est-à-dire les infections contractées à l'hôpital.
En France un patient sur vingt est atteint d'une affection nosocomiale, soit plus de 15 000 personnes, selon les données de l'Institut de veille sanitaire. Un pourcentage qui n'a pas diminué entre 2006 et 2012.

http://sante.lefigaro.fr/actualite/2015/03/04/23469-lhopital-soignants-negligent-regles-dhygiene

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