vendredi 1 février 2013

Mali : faux scandale, vrai scandale…

L'intervention française au Mali est assez pauvre en images. Il est vrai que les Forces spéciales ne sont pas formées à la télé réalité et qu'à la guerre, on tue des gens… Alors les journalistes sont « embedded » à distance, à l'arrière et meublent avec les images qu'ils glanent sur le quotidien de la troupe l'arme au pied, ou sur les vestiges des combats plus ou moins fumants, « technicals » carbonisés et djihadistes de même… Il faut un peu d'imagination pour tirer des clichés qui sortent de l'ordinaire. A ce petit jeu, un correspondant de l'AFP, Issouf Sanogo, a réussi un joli coup avec la photo d'un militaire, pris en contre-plongée, le visage masqué d'une cagoule « skullmask », inspirée du jeu « search and destroy » dénommé Call of duty. Le militaire a placé ce masque sur son visage, ainsi que des lunettes, pour se protéger du nuage de poussière soulevé par un hélicoptère à l'atterrissage.
Un masque avec une tête de mort ! Il n'en fallait pas plus pour que le buzz excite tout ce que la France du net compte de bonnes âmes prêtes à s'enflammer pour préserver la morale nationale. Et la hiérarchie militaire de s'inquiéter de ce manque de goût opérationnel, dénonçant entre deux petits fours un comportement inacceptable, une image « pas représentative de l'action que conduit la France au Mali à la demande de l'Etat malien… » Il ne manque plus qu'un communiqué d'Homer Simpson pour achever de sombrer dans le ridicule… Le cliché d'Issouf Sanogo, pour être des mieux construits en terme d'image, n'est pas franchement original, ni scandaleux d'ailleurs. L'utilisation de ce « skullmask » est un clin d'œil assez fréquent chez les « Navy Seals », entre autres forces spéciales américaines, et nombre de photos encombrent le net, en provenance de théâtres d'opération assez divers, Afghanistan notamment… Pas de quoi fouetter un chat. Cette « coquetterie » guerrière renvoie à de séculaires traditions des antiques décorations de boucliers et de casques destinées à terrifier l'adversaire, au « nose art » des pilotes US de la seconde guerre mondiale, ou de la Guerre de Corée… A mettre en parallèle avec les sympathiques pratiques des islamistes au Mali, qui ne rechignent jamais à quelques bonnes amputations et lapidations, histoire de ne pas charrier avec la chariah. Mais il est vrai que l'intervention au Mali a de quoi susciter un certain scandale, quand on voit notre aviation légère de l'Armée de terre (ALAT) engager en plein jour, par ciel clair, sans un iota de couverture aérienne, nos antiques Gazelle, contre des « Mad Max » équipés en pièces de DCA et adeptes de la technique de la « boule de feu », aussi imprécise que dangereuse pour des hélicos antiques, dénués de blindage, contraints pour les « Gazelle-canon », de « straffer » leurs cibles à moins de 2.000 mètres. Le vrai scandale c'est la mort absurde du Lieutenant Boiteux, blessé à la jambe parce que sa Gazelle « Hot », n'était pas le moins du monde blindée, exception faite de son siège et peut-être d'un gilet pare-balle monté à l'avant, quand le plexiglass certifié de sa verrière ne l'aurait pas protégé d'un coup de 22 long rifle…


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