mardi 5 février 2013

Dette. 33 ans après, il paye pour une voiture qu'il a rendue

Robert (*), un Fouesnantais âgé de 82 ans, a plié face à un organisme de recouvrement de dettes. Son « crime » : n'avoir pas honoré les mensualités d'un prêt contracté en 1979 pour l'achat d'une voiture qu'il avait rendue au concessionnaire.

Robert en est malade. Et pourtant, cet ancien commando para de 82 ans, qui a combattu sous les ordres du Général Massu, en a vu d'autres. Cette histoire de fous débute en 1979. Robert, qui réside alors à Lorient, achète chez un concessionnaire une Citroën Visa. Peu de temps après, il rencontre des difficultés financières et rend la voiture au garagiste. À charge pour ce dernier d'apurer la dette en revendant le véhicule.

9.266 € la Visa !
Les années passent... et les décennies. En juillet2009, Robert reçoit un premier courrier d'un huissier de la région lyonnaise. « Il se disait chargé par la société de
recouvrement Crédirec de récupérer 9.266,51 €. Je n'en croyais pas mes yeux », explique le dynamique retraité en montrant ce premier courrier. Lettre qui n'était pas accompagnée, comme le prévoit la loi, de titre exécutoire devant établir la nature de la dette, son montant et celui des intérêts. Robert est pétrifié. « Je ne voyais pas à quel prêt ils faisaient référence. Ma dernière créance payée pour un prêt à la consommation remontait à quinze ans. Et sans incident de paiement ». Robert décide de ne pas répondre. Deux ans plus tard, il est inondé de courriers aux termes insistants. « Heureusement que je n'ai pas le téléphone, car j'aurais subi l'enfer ». Robert réussit à joindre une « conseillère » au bout du fil. Cette dernière lui explique que sa dette correspond à l'achat de la Visa. Il tombe des nues. « Pour moi, cette affaire était soldée ». Sous la pression, Robert, qui n'en dormait plus la nuit, accepte de verser tous les mois une somme de 75 €.

« Des créances pourries »
« Il n'aurait pas dû le faire, précise Christelle Anvroin, juriste de l'association CLCV (Confédération logement et cadre de vie). Car apparemment, ce monsieur a effacé sa
dette en rendant la voiture. Il faut savoir aussi que, deux ans après un incident de paiement, l'organisme emprunteur n'est plus en droit d'agir en justice. En revanche, il peut tenter une procédure amiable. À condition de produire un justificatif de créance ». Robert pouvait donc refuser de rembourser.
« De plus en plus de gens se rapprochent de nous pour des problèmes similaires. Ces boîtes de
recouvrement rachètent des créances "pourries" dont elles connaissent à peine l'origine, poursuit Christelle Anvroin. Sur dix dossiers rachetés à bas prix, un seul mené à son terme suffit à rentabiliser l'affaire ». Contactée, l'entreprise Crédirec - qui n'a que très peu d'éléments sur la nature de la soi-disant dette -, dit que ce dossier n'est pas problématique pour elle. « Étant donné que le débiteur a commencé à nous rembourser ». En revanche, elle ne fait aucun commentaire sur le manque de justificatif de créance. Robert, lui, tente d'ironiser. « Si je dois payer, il faut qu'on me rende la Visa. Normal non ? ».

* Robert est un nom d'emprunt. Le retraité a souhaité garder l'anonymat. Pour autant, nous avons eu accès à son dossier. >
Légalité : ce qu'il faut savoir !

http://www.letelegramme.com/ig/generales/regions/finistere/dette-33-ans-apres-il-paye-pour-une-voiture-qu-il-a-rendue-01-02-2013-1990599.php

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