dimanche 24 février 2013

Le "système Amazon" fait scandale en Allemagne

Le scandale gronde autour du géant Amazon, numéro un de la vente en ligne en Allemagne. A la suite de la diffusion, mercredi 13 février, d'un reportage accablant sur les conditions de travail des intérimaires chez le cybermarchand, syndicats, politiques et clients dénoncent le "système Amazon", de plus en plus décrit comme un "esclavage moderne".

Ce que cache la facilité d'un achat sur Amazon est à voir dans le reportage de la chaîne ARD, accessible sur son site. Deux journalistes filment, la plupart du temps en caméra cachée, le sort de 5 000 intérimaires recrutés par Amazon pour assurer le pic de commandes précédant la période de Noël.
Silvina, une Espagnole au chômage dans son pays, raconte son quotidien dans ce qu'elle appelle la "machine Amazon".
SERVICE DE SÉCURITÉ
Les journalistes la suivent dans le bus bondé, affrété pour transporter les saisonniers jusqu'au centre logistique de Bad Hersfeld (Hesse), en Allemagne. Ils montrent la longue attente sous la neige pour prendre les navettes trop rares ; la promiscuité des conditions d'hébergement, dans des bungalows de vacances laissés libres pendant la saison creuse ; son renvoi trois jours avant Noël, sans motivation, après quinze jours de travail d'affilée ; le salaire versé moindre que promis dans l'offre d'emploi.
Mais le plus pénible, raconte la travailleuse, est la présence permanente d'un service de sécurité recruté par l'agence d'intérim. Les agents de sécurité surveillent les saisonniers sur leur lieu d'hébergement, fouillent leurs chambres, inspectent leurs effets personnels. Intimidés, les travailleurs, originaires pour la plupart d'Europe de l'Est ou du Sud, n'osent se plaindre.
Détail accablant, ces agents portent des sweat-shirts à capuche de la marque Thor Steinar, appréciée des néonazis. Les journalistes révèlent qu'ils sont employés par une société de surveillance nommée HESS (pour Hensel European Security Service), qui entretiendrait des liens étroits avec les milieux d'extrême droite. Une accointance démentie par la société. Amazon, de son côté, a annoncé "procéder à des vérifications" à la suite de ce reportage.
APPELS AU BOYCOTT
Alors que l'Allemagne s'interroge de plus en plus sur l'évolution de son modèle social – absence de salaire minimum, explosion des contrats précaires, de l'intérim et des emplois à bas salaires –, ces révélations provoquent une onde de choc. "Il faut arrêter le système Amazon", a déclaré Michael Sommer, président de la fédération de syndicats DGB.
La ministre du travail, Ursula von der Leyen, a menacé la société d'intérim de sanctions en cas de violations avérées du droit.
Sur Internet, les premiers appels au boycott ont été lancés. Dans une lettre ouverte au PDG d'Amazon, Jeff Bezos, le petit éditeur Christopher Schroer a annoncé son intention de mettre fin à son référencement sur le site. Et, sur la page Facebook d'Amazon, des centaines de clients ont déclaré avoir supprimé leur compte. En 2012, les Allemands ont consommé sur Internet pour 27 milliards d'euros.

http://www.lemonde.fr/economie/

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