jeudi 5 mai 2011

Neuves ou anciennes, des prisons peu humaines

Le contrôleur des prisons, Jean-Marie Delarue, met en garde contre une « industrialisation de la captivité ». Les « droits fondamentaux » y sont encore trop souvent méconnus.
Dans son rapport annuel de 386 pages, le contrôleur général des lieux de privation de liberté rejette l'« image naïve », malheureusement répandue, de la « prison quatre étoiles qui reprend de la vigueur avec la mise en service d'établissements neufs ».
La réalité, observe Jean-Marie Delarue, est « encore souvent la vétusté et quelquefois le sordide ». Il déplore la « déshumanisation » liée à la taille excessive et à la conception ¯ « béton, barbelés, vidéosurveillance... » ¯ des nouvelles prisons. Pour éviter que « ce qui est neuf » soit vite « dans un état insupportable », il souligne la nécessité d'entretenir correctement les lieux. Il faudrait aussi, selon lui, donner la « parole » aux détenus, qui n'ont souvent « d'autres moyens d'expression » que la dégradation.
Prédire la « dangerosité » : « Illusoire »
Plus généralement, le contrôleur constate qu'« un certain nombre de droits fondamentaux », attachés à la « dignité », au « droit de se défendre » ou au « droit à la santé », sont encore « méconnus en détention ». Il se dit « préoccupé de l'état des soins psychiatriques », pour lesquels il ne « constate nulle amélioration ».
À propos des mineurs, il déplore que les centres éducatifs fermés (CEF) et les établissements pénitentiaires pour mineurs (EPM) ne répondent pas « à des orientations claires ». « On est frappé du manque de coordination du travail des professionnels [...]. Beaucoup de centres sont démunis de véritables projets éducatifs, énumère le rapport. Avec des bonnes volontés prodigieuses, on fait des choses complètement chaotiques. »
Dépassant le cadre des lieux de détention, le rapport aborde un « débat majeur de notre société ». La procédure pénale, note Jean-Marie Delarue, « est de plus en plus attentive à la personnalité et à la 'dangerosité' ». Une tendance qui repose « sur l'idée que la bonne connaissance d'une personnalité préviendra les risques [...], permettra de mieux adapter le régime carcéral [...], assurera une meilleure prévention de la récidive et une meilleure insertion ». Pour le contrôleur, ce discours « est largement illusoire, au moins en ce qu'il postule que la 'science' du comportement peut préfigurer une conduite future ».
Ce rapport paraît « au moment où le contrôleur est conforté dans sa mission », note M. Delarue. Alors que les quatre autres autorités indépendantes, telles la Halde ou le Défenseur des enfants, sont fondues dans la nouvelle entité du Défenseur des droits, lui conserve une existence distincte, « par la grâce du Parlement ».
Le rapport est consultable sur le site www.cglpl.fr

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