dimanche 7 septembre 2014

Ils vivent au milieu d'une montagne de déchets à Nice

Atteinte du syndrome de Diogène, une pathologie rare, une femme de 89 ans, qui vit avec son fils, collectionne les détritus depuis un an et demi à Nice. Les nuisances sont terribles pour le voisinage.
Soyons clairs, ce ne sont pas les exemples de collections étranges qui manquent. À l'image de la nanipabullophilie qui consiste à amasser les nains de jardin à brouette. Ou l'émétoaérosagophilie qui concerne les sacs de vomi. Néanmoins, la collection entamée par R., une habitante de Cimiez, est incontestablement plus déroutante encore.
Au 17 avenue George-V, cette Niçoise de 89 ans accumule les poubelles et les détritus. Ce n'est pas une blague. Et il ne s'agit pas d'en rire. La pauvre dame de 89 ans, qui vit avec son fils de cinquante ans, souffre probablement d'une pathologie rare découverte en 1966 : le syndrome de Diogène.
Un syndrome qui consiste à accumuler des objets hétéroclites, sans tenir compte de leur dangerosité et de leur insalubrité.
«Ça lui a pris il y a environ un an et demi, témoigne une voisine. Avant, c'était une femme charmante. Mais en quelques semaines, ça s'est dégradé. Elle ne parlait presque plus. Et j'ai vu des poubelles s'entasser dans son salon… »
Cagettes, flacons, litières…
Et très vite, il y en a eu d'autres. Beaucoup d'autres. Poussée par un incompréhensible besoin, R. s'est mise à ramener chez elle toutes les poubelles du quartier. Pas de choix. Pas de tri. Tout est bon à entasser : bouteilles de plastique, enjoliveurs, cagettes, flacons, sacs, ferrailles, litières…
Dans les premiers temps, le regard du voisinage s'est voulu bienveillant. Voire miséricordieux. Seulement, l'appartement occupé par R. s'est vite trouvé trop petit pour accueillir tous les déchets de Cimiez. Alors, les détritus ont commencé à s'inviter dans la cave commune de l'immeuble. Puis, quand celle-ci fut pleine, c'est dans le rez-de-jardin de la vieille dame, caché par des arbres, qu'ils se sont entassés. De manière absolument spectaculaire. Au point de masquer totalement la porte d'entrée de l'appartement. Au point de contraindre R. et son fils à d'improbables contorsions pour aller et venir de chez eux.
Face à une telle décharge, forcément, le voisinage a perdu patience.
«On n'a beau ne pas avoir une vue directe sur les détritus, on en subit toutes les nuisances, s'insurge Joël, 48 ans. Il y a toute une faune qui a colonisé les poubelles. Il y a des cafards, des moustiques. Il y a aussi des rats gros comme des chats. L'odeur est aussi intenable. On ne peut plus ouvrir les fenêtres.Ça nous pourrit la vie.»
«C'est dangereux»
Les riverains ne sont alors pas restés les bras croisés à subir. Non. Ils ont multiplié les démarches.
« On a essayé de leur parler. Mais ils n'entendent rien, reprend Joël. Alors, on a écrit partout. À la mairie, à la préfecture, au parquet, à la police, aux services d'hygiène. Rien n'a bougé. On n'en peut plus. La copropriété vient déjà de débourser 2 000 euros pour débarrasser les poubelles de la cave… De plus, c'est dangereux. Tant pour eux que pour nous. On ne comprend pas pourquoi personne ne fait rien. »
En réalité, le dossier ne désintéresse pas les autorités. À commencer par la mairie qui a missionné, dès l'automne 2013, un inspecteur de salubrité. Malheureusement, les choses ne sont pas simples quand il s'agit d'une propriété privée où les auteurs sont dans le déni le plus total. En janvier dernier, la mère et le fils ont adressé à la mairie, par l'intermédiaire de leur avocat, une lettre dans laquelle il est affirmé «qu'il n'y a aucun trouble, aucune insalubrité et aucun risque sanitaire». Mieux encore, le fils de R. s'est plaint de harcèlement de la part du CCAS qui a proposé de l'aide.
Toute solution amiable étant alors impossible, la Ville doit en passer par la voie judiciaire. Elle a prévu de saisir prochainement le tribunal de grande instance afin qu'il autorise les services municipaux à investir les lieux et procéder, aux frais avancés, aux travaux de sortie d'insalubrité.
Pour l'heure, il n'y a donc pas de délai. Les riverains doivent encore patienter.

http://www.nicematin.com/nice/ils-vivent-au-milieu-dune-montagne-de-dechets-a-nice.1893751.html

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