mercredi 29 janvier 2014

D'étranges rumeurs sur la théorie du genre appellent à boycotter l'école : de quoi s'agit-il ?

Depuis vendredi, une centaine d'écoles ont été perturbées par des absences d'élèves. En cause, des SMS qui affirment que la théorie du genre va être enseignée à leur progéniture. Si Vincent Peillon a démenti mardi tout enseignement de la théorie du genre, le phénomène pourrait ne pas être terminé.

Ce ne sont pas une épidémie de gastro ou la grippe qui ont vidé plusieurs écoles d'une partie de leurs élèves vendredi et lundi dernier. Mais la rumeur. Une simple rumeur, propagée par SMS puis par le net. Et c'est comme cela que lundi, à Meaux, en Seine-et-Marne, 20% des écoliers de la zone urbaine sensible de Beauval ont manqué la classe, révèle ce mardi matin Le Parisien. Le plus fort taux d'absence a été atteint à l'école primaire Binet, située dans cette même ZUS, avec 40% d'absents, affirme le quotidien. Plus à l'Est, à Montbéliard et dans ses environs, le mouvement a été moins suivi mais des désertions inexpliquées ont également été constatées vendredi dernier sur les bancs de certaines écoles publiques. "Cela reste marginal", a expliqué l'inspecteur d'Académie du Doubs, Patrick Mellon, dans l'Est Républicain.
Si lundi, le boycott visait l'Ile-de-France, au total, depuis vendredi, une centaine d'écoles sur les 48.000 établissements publics ont ainsi été perturbées. Et le phénomène pourrait ne pas être terminé, le mouvement "Journée de retrait de l'école" ayant dressé un calendrier des villes concernées par l'appel allant jusqu'au 10 février.
Mais que dit cette rumeur pour susciter une telle réaction des parents ? Les SMS, qui ciblaient essentiellement la communauté musulmane, affirmaient que les enseignants allaient apprendre la théorie du genre aux enfants. A Meaux, relate ainsi Le Parisien, les familles ont reçu un message assurant que "l'Education nationale va enseigner à nos enfants qu'ils ne naissent pas fille ou garçon comme Dieu l'a voulu mais qu'ils choisissent de le devenir. Avec des intervenants homos et lesbiennes qui viendront leur bourrer la tête d'idées monstrueuses...". A Montbéliard, trois SMS, plutôt directs, ont eux aussi circulé rapporte l'Est Républicain : "L'éducation sexuelle prévue à la rentrée 2014 en maternelle. Avec démonstration", "Voilà qu'ils s'interrogent sur le fait d'enseigner à nos enfants de 4 ans comment se masturber !", "Les parents parlent de peluches en forme de pénis et de vagin qui seraient présentées aux enfants pour distinguer les genres"...

Qui propage la rumeur ? Pour l'académie du Doubs comme pour les enseignants de Seine-et-Marne, il n'y a guère de doute : c'est Farida Belghoul. Figure des rassemblements antiracistes des années 80', cette militante s'est donnée pour nouveau combat la lutte contre l'introduction de la "théorie du genre" à l'école. Elle est notamment soutenue par le polémiste Alain Soral, fondateur de l'association Égalité et réconciliation, ancien membre du FN et proche de Dieudonné. Et finalement, Farida Belghoul a dit être en partie à l'origine de cet appel au boycott de l'école sur le site zamanfrance.fr.
Farida Belghoul vise notamment les "ABCD de l'égalité à l'école", un dispositif actuellement expérimenté dans une dizaine d'académies et dont l'objectif est de réduire les inégalités homme-femme à travers un apprentissage visant à respecter l'autre sexe. Le 13 décembre dernier, elle lance la "Journée de retrait à l'école", qui invite les parents à retirer leurs enfants de l'école une journée par mois à partir de janvier 2014 pour protester contre ce qu'elle considère comme une entrée déguisée de la théorie du genre à l'école. Les premiers jours fixés étaient les 24 et 27 janvier...

L'affaire est prise au sérieux par l'Éducation nationale. Des messages ont été envoyés aux responsables des écoles concernées par les programmes ABCD pour les informer de cette campagne SMS et leur demander de rassurer les parents qui s'inquièteraient. La méthode ABCD veut "favoriser l'égalité, la mixité et propose des outils pour lutter contre les stéréotypes" rappelle l'inspecteur d'académie Patrick Mellon. Et de conclure dans l'Est Républicain, que "les parents n'ont aucune crainte à avoir en mettant leurs enfants à l'école publique". Reste une question : combien de parents destinataires de ces messages croient encore, aujourd'hui, que ce qu'ils ont lu était vrai ?
La réponse du ministre de l'Education. "Je veux très solennellement rassurer tous les parents de France : n'écoutez pas ceux qui veulent semer la division et la haine dans les écoles. Ce que nous faisons ce n'est pas la théorie du genre -je la refuse-, c'est promouvoir les valeurs de la République et l'égalité entre les hommes et le femmes", a déclaré le ministre de l'Education nationale Vincent Peillon à l'Assemblée nationale.
 

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