mardi 19 janvier 2016

Le tennis rattrapé par le scandale

Les révélations de la BBC et du site BuzzFeed concernant l'implication de seize joueurs du Top 50 mondial dans des affaires de matches truqués a largement perturbé le début du premier grand chelem de l'année en Australie. Pour l'instant, pas de preuves, pas de noms, mais…
Vous ne pouvez pas imaginer à quel point on peut rencontrer des personnages étonnants dans les halls d'hôtels fréquentés par les joueurs de tennis. Aux agents, journalistes, professionnels et demandeurs d'autographes ou de reliques viennent de s'ajouter (il y a quelques années, ce n'est pas nouveau) des visiteurs moins recommandables. Ils seraient envoyés par des groupes de parieurs clandestins et auraient pour mission d'influencer directement les résultats en demandant aux tennismen de viser le filet ou l'extérieur des courts. En tennis, il est possible de parier sur tout et on peut déjà souhaiter bon courage aux enquêteurs qui devront mettre en lumières tel ou tel fait supposé…
D'après l'European Sport Security Association 75 % des signalements de pratiques illégales de parieurs sportifs concernent le seul tennis. La multiplication des matches, l'opacité des compétitions les plus lointaines (dans de nombreux cas avérés, les matches touchés avaient lieu en Amérique du Sud ou en Asie), c'est un véritable paradis pour les réseaux mafieux qui se servent de ce système pour blanchir des centaines de milliers de dollars. La nouveauté cette fois, c'est que les soupçons pourraient concerner des sportifs connus, voire très connus du monde du tennis. A Melbourne, invité à s'exprimer sur le sujet, Roger Federer s'est montré assez sceptique. «Je ne sais pas exactement ce qu'il y a de nouveau. J'entends qu'on lance de vieux noms. Cette affaire a été traitée…»
Novak Djokovic à la sortie de son premier match (et de sa première victoire) en Australie a confirmé qu'il avait été personnellement victime d'une tentative de corruption en 2007 à Saint-Pétersbourg. On lui avait demandé tout simplement de perdre une partie. «J'avais été approché indirectement par l'intermédiaire de gens qui travaillaient avec moi à l'époque, évidemment, nous avions dit non et la personne qui essayait de me contacter n'était même pas arrivée jusqu'à moi».
Concernant la «nouvelle affaire», Djoko a simplement indiqué qu'il ne s'agissait que de «spéculations». «Il n'y a pas de preuve concernant les joueurs en activité a souligné le Serbe.
La BBC et Buzzfeed sont formels. Les soupçons de matches truqués qu'ils révèlent impliquent des «vainqueurs en Grand chelem» qui ont été autorisés à poursuivre leur carrière sans avoir écopé de la moindre sanction…
L'ATP et la WTA ont su se doter de règles très strictes mais si une dizaine seulement de joueurs a été sanctionnée lors de la dernière décennie, c'est que les faits sont vraiment très délicats à démontrer. Et si l'on remet le tennis à l'échelle de tous les sports, il reste un petit poucet puisque 60 % des paris sportifs concernent le… football.
Après le foot justement et l'athlétisme en pleine tourmente, la planète sport se serait sans doute bien passée de ce nouveau scandale mais si l'on veut éradiquer tous les maux (on n'est pas au bout de nos peines…), il faut bien repérer les parties contaminées. En tout cas, les frères Karabatic et leurs proches, célèbres parieurs pas très prudents du fameux Cesson-Montpellier de handball, ne risquent pas de s'ennuyer sur le vaisseau des champions ayant passé la limite du hors-jeu.
 

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