«Chacun récupère ses morts»
L'idée de le mettre aux enchères ne s'est pas imposée d'emblée. «Ils ont d'abord contacté une association de mémoire de la Shoah. Mais elle n'en a pas voulu car le vêtement n'était pas dans le thème, ayant été porté par un prisonnier pour des raisons politiques et non parce qu'il était juif, poursuit le marteau de la maison Delorme & Collin du Bocage. Ne sachant plus comment s'en débarrasser, ils l'ont donné aux enchères. Et ce geste là, de gens si proches du martyrisé m'a touché».«L'argent de la vente devait être reversé à une association d'anciens combattants. Sans doute aurions nous dû préciser cela dans le catalogue», poursuit Olivier Collin du Bocage, qui avait choisi «une estimation symbolique, 400 euros, pour un objet symbolique. On ne voulait pas tomber dans le voyeurisme ni dans le vénal». Sorti depuis trois mois, en version papier et sur le site de la maison de ventes, le catalogue n'avait jusque là provoqué aucun remous. Pourtant, «plusieurs institutions publiques, qui constituent 80 % de nos acheteurs sur ce type de vente, avaient passé des ordre d'achat sur justement cette pièce historique».
Il aura fallu l'œil de lynx de Ian Brossat, Président du groupe communiste au Conseil de Paris, pour que l'objet fasse polémique, jeudi 4 avril au soir. Que la parole de l'élu soit relayée jusqu'au tollé. Et la tenue de déporté finalement retirée de la vente. «Cette polémique me blesse» affirme le commissaire priseur, qui soudain hausse le ton: «Le déporté dont il s'agit était un maquisard. Un maquisard communiste. Et comme par hasard, c'est un élu communiste qui réagit. C'est encore plus corporatiste. Chacun récupère ses morts». Et de conclure: «Cet objet est une relique, certainement, mais de la guerre, et d'un crime monstrueux».
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