lundi 19 janvier 2015

Un chauffeur de bus de Kéolis Auch : «J'ai été viré car je défends mes collègues»

Jean-Luc Randrianantenaina était chauffeur de bus pour Kéolis. Il a signé un CDI à temps plein en juin 2014, il a été congédié le 7 janvier dernier. Explications.
Les fêtes de fin d'année ont comme qui dirait laissé un goût amer à Jean-Luc Randrianantenaina. Ce chauffeur de Kéolis Auch vient de se voir signifier sa fin de contrat alors même qu'il avait signé un CDI le 23 juin dernier. Le 31 décembre, il apprenait de la bouche de son chef d'équipe qu'il serait convoqué par le directeur le 7 janvier. Le 7 janvier, il apprenait de la bouche de son directeur qu'il était «remercié». «Je n'ai rien vu venir», glisse-t-il. Cette procédure n'a rien d'étonnant pour la direction (lire ci-contre) qui renvoie à la convention collective de l'entreprise. Mais d'après Jean-Luc Randrianantenaina, non seulement il ne peut pas la consulter faute d'être affichée par l'employeur, mais en plus, il n'y aurait rien à lui reprocher sur la qualité de son travail de chauffeur : «Ils m'ont dit que j'étais nickel ! Mais que je n'aurais pas dû m'entêter dans l'affaire du Cigalon : j'ai été viré car j'ai défendu mes collègues...»
«L'affaire du Cigalon» fait référence à une altercation entre un automobiliste et un chauffeur qui s'était fait insulter et cracher dessus en août dernier. Sur place, Jean-Luc Randrianantenaina, essuyait un doigt d'honneur. Les deux conducteurs de Keolis ont déposé une main courante au commissariat et souhaitaient aller jusqu'à la plainte, étant entendu que le malotru avait été identifié. «Mais la direction ne nous a pas soutenus : elle aurait préféré qu'on étouffe l'incident.»

Une procédure en justice

Et ce qui a le plus offusqué Jean-Luc Randrianantenaina, c'est de voir l'une de ses collègues être congédiée début décembre alors même «qu'elle se débrouillait très bien.» «Ils vous diront qu'elle a eu un accrochage avec constat mais ça arrive ! Elle a surtout souhaité porter plainte suite à une agression d'un client qui s'est quand même masturbé devant elle en l'insultant ! La direction l'aurait dissuadée d'aller plus loin. En fait, je crois et ce n'est que mon ressenti, que moins il y a de vagues, mieux c'est...»
Jean-Luc Randrianantenaina et son ancienne collègue comptent bien aller en justice. «Je conteste sur le fond, période de stage ne signifie pas d'essai, et sur la forme : je n'ai eu aucun courrier de convocation et je n'ai pas eu connaissance de l'objet de l'entretien. Je n'ai donc pas pu me faire assister, ce n'est pas normal.»
Cet avis contestataire, Pierre Wiart le partage aussi. Contacté au téléphone, le secrétaire général de l'intersyndicale Solidaires a reconnu conseiller Jean-Luc Randrianantenaina. Travaillant lui-même en étroite collaboration avec un cabinet d'avocats spécialisé dans le droit du travail, il assure qu' «une période d'essai ne peut pas aller au-delà de 4 mois maximum selon les métiers.» «Le Code du travail l'emporte sur la convention collective. Ça va finir aux Prud'hommes mais seul le tribunal pourra trancher. Signalons que l'on n'a pas de contacts avec Kéolis mais je ne peux que saluer la démarche de ces salariés qui osent. Surtout qu'il y a des antécédents de jurisprudence.» En attendant de savoir s'il prendra le même avocat que son ex-collègue, Jean-Luc Randrianantenaina est reparti chez lui. En bus.
http://www.ladepeche.fr/article/2015/01/19/2031455-j-ai-ete-vire-car-je-defends-mes-collegues.html

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