samedi 25 mai 2013

Un scandale fait tomber le patron de la banque autrichienne Raiffeisen

Trois appartements achetés à Singapour ont coûté son poste à Herbert Stepic, chef de Raiffeisen International (RBI), une branche du groupe autrichien Raiffeisen qui a ouvert la voie, dès les années 1980, à l'expansion du secteur bancaire en Europe de l'Est et dans les Balkans.

Le Monde.fr a le plaisir de vous offrir la lecture de cet article habituellement réservé aux abonnés du Monde.fr. Profitez de tous les articles réservés du Monde.fr en vous abonnant à partir de 1€ / mois | Découvrez l'édition abonnésCelui qui a été sacré, en 2006, "banquier européen de l'année", tombe à la suite des OffshoreLeaks, ces révélations publiées début avril sur les placements des super-riches dans les paradis fiscaux. Le nom de son successeur n'est pas encore connu.
Âgé de 66 ans (dont quarante au service de sa banque), M. Stepic a présenté sa démission, vendredi 24 mai, à Vienne, afin de "prévenir une atteinte à l'image de l'ensemble du groupe Raiffeisen", fort de 3 100 succursales et de 60 000 employés.
A la Bourse, le titre a reculé de 3 %, une perte moins importante que ce que redoutaient les analystes. Mais l'action Raiffeisen cotait seulement 26,50 euros, vendredi, contre 100 euros en 2007, avant le déclenchement de la crise financière internationale. RBI était alors au faîte de sa puissance et réalisait en Europe de l'Est, où elle est présente dans dix-sept pays, plus de 80 % des bénéfices du groupe.
La familiarité de M. Stepic avec le système financier est-européen, qui ne brille pas par sa transparence, a sans doute émoussé sa vigilance. Jeudi 23 mai, le magazine News a révélé que son nom figurait dans les données de l'OffshoreLeaks. Tout comme celui de l'Ukrainien Dimitri Firtasch, négociateur sur le marché gazier, avec lequel M. Stepic a souvent été en affaires, et dont le rôle auprès de l'ex-premier ministre, Iulia Timoschenko, aujourd'hui en prison pour corruption, reste obscur.
Le chef de RBI a acheté des appartements à Singapour pour son compte, en 2006 et en 2008, par le biais de deux sociétés dont il est l'ayant droit, Yatsenko International, domiciliée aux îles Vierges britanniques, et Takego Holding, à Hongkong. Il n'en avait informé ni l'autorité de supervision bancaire, ni le conseil d'administration de Raiffeisen. Il avait déjà été mis en cause pour un contrat conclu en Serbie par l'intermédiaire d'une fondation du Liechtenstein et d'une société basée à Chypre.
COLLECTIONNEUR D'ART
Le salaire annuel de M. Stepic (5 millions d'euros) a aussi été critiqué. Pour apaiser l'opinion, il avait "rendu" 2 millions, en 2012, tout en observant que ses émoluments étaient inférieurs à la moyenne de ce que touchent les banquiers européens (6,5 millions). Ce grand collectionneur d'art africain rappelle volontiers qu'il a contribué, par sa politique d'expansion en Europe de l'Est, à créer des dizaines de milliers d'emplois. Notamment en Autriche, où le destin de Raiffeisen, à l'origine un groupement de simples coopératives agricoles, est étroitement lié à celui du parti démocrate-chrétien ÖVP.
M. Stepic fait valoir qu'il n'a rien commis d'illégal puisque ses investissements à Singapour ont été réalisés après avoir payé ses impôts en Autriche, pour acheter des biens immobiliers que l'on ne saurait assimiler à des "constructions offshore".
Cependant, relève le quotidien Die Presse, le problème est de savoir si les gains réalisés à travers ces opérations ont ensuite été déclarés au fisc autrichien, et pourquoi il a été nécessaire de créer des sociétés dans des paradis fiscaux.
Le tabloïd Kurier – contrôlé, comme News, par Raiffeisen – a relayé les informations d'OffshoreLeaks, ce qui laisse penser que les dirigeants du groupe voulaient crever l'abcès, à la veille de la publication des résultats du premier trimestre.
Malgré ce départ sans gloire, le nom d'Herbert Stepic restera attaché à l'Europe de l'Est, où l'Autriche a été, avec l'Allemagne, la principale bénéficiaire de la chute du communisme.

http://www.lemonde.fr/economie/

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