KLÉBER BACLET a ses habitudes dans une brasserie du centre-ville. Le directeur général de l'Odes, l'Opac de Soissons, y invite le gotha local (les noms ou les initiales sont ostensiblement notés par M. Baclet lui-même sur les fiches), sur les deniers publics de l'office public HLM.
Des notes de frais en veux-tu en voilà, certaines « raisonnables », d'autres beaucoup moins : 188 euros pour quatre dans une grande brasserie rémoise, 113 euros dans une autre plus modeste, à Soissons.
Le DG est généreux avec le loyer des Soissonnais. Même en conseil d'administration, qui se solde toujours par une petite collation du meilleur goût. Un CA qui a tout de même voté l'année dernière un budget de 30 000 euros pour les frais de réception. Etait-ce vraiment indispensable ?
Trois bouteilles de vin pour 106 euros
Certainement pas en ces temps où l'argent public vaut de l'or ; pas plus que ceci. L'année de son entrée en fonction, en 2007, le directeur commande pour 275 euros de vin fin ; 12 bouteilles de Saint-Emilion grand cru pour 169 euros et un coffret cadeau composé d'un Sauterne, d'un Saint-Estèphe et d'un Saint-Emilion, trois bouteilles pour 106 euros. Le tout acheté chez un caviste de Valenciennes, où M. Baclet réside. Certes, on est loin des 12 000 euros de cigares d'un ministre de la République. Mais combien de bouteilles grand cru Monsieur Baclet a-t-il acheté depuis trois ans ?
Barre de toit et attelage renforcé
Le directeur dispose aussi d'un véhicule de fonction loué 900 euros par mois en leasing, équipé de barre de toit et d'un attelage renforcé. Les locataires qui ne partent pas en vacances apprécieront. Kléber Baclet n'a d'ailleurs plus droit à cet avantage en nature depuis un décret du 13 octobre 2009 n'accordant la disposition d'une voiture de fonction qu'aux directeurs des offices de plus de 5000 logements, ce qui n'est pas le cas de l'Odes.
Tout y passe et tout passe.
Depuis plusieurs années, personne au conseil d'administration pour dénoncer ces pratiques. Le directeur général a même vu sa paie augmenter : plus de 78 000 euros bruts annuels et quatre mois de salaire par année d'ancienneté en cas de licenciement. Personne, même au Trésor Public, garant des dépenses publiques, pour y regarder de plus près. Il faut dire, les comptes de l'Odes sont bons, même très bons puisque l'office HLM a dégagé 1,5 million d'euros en 2009, en partie sur le dos des bas salaires, grâce auxquels l'Odes a droit à des exonérations fiscales (Réduction Fillon).
Avec cette manne financière, les salariés mangent leur pain blanc en janvier, à l'occasion des vœux à l'Odes. Comme à l'Elysée, Soissons a sa dispendieuse réception annuelle, à l'hôtel de ville. Ce n'est pas le contribuable qui paie, mais les modestes ménages des 3 900 logements gérés par l'Odes.
Tous les salariés sont tenus d'y assister. Contraints de goûter aux canapés au saumon et aux écrevisses, aux minis vol-au-vent aux truffes et aux dominos au crabe, le menu de 2009. De quoi s'étouffer avec la facture : 1 600 euros. Pour faire passer, on arrose de champagne pour la modique somme de 1 452 euros : 72 bouteilles de brut tradition, 48 bouteilles de brut réserve. Deux gammes du savoureux breuvage comme un symbole de la fracture sociale qui se creuse à l'Odes, entre un directeur général amateur de bonne chère et ses salariés sous-payés (lire l'union du 18 juin).
On se demande bien comment Patrick Day, maire et président du l'Odes, lui qui a fait remplacer l'eau minérale par l'eau du robinet en conseil municipal, a pu cautionner cette petite sauterie à plus de 3 000 euros.
http://www.lunion.presse.fr/article/economie-region/soissons-receptions-vins-fins-voiture-de-fonction-notes-de-frais-derives-a-l
1 commentaire:
honteux mais malheureusement representatif de la societe franàaise actuelle
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