lundi 19 juillet 2010

L'hôpital français dans "une situation catastrophique"

Connu pour son franc-parler, le Dr. Patrick Pelloux analyse les problèmes de fonctionnement du CHU de Nantes et craint que ces difficultés ne se généralisent à l'ensemble du territoire.
France-Soir. Le CHU de Nantes est obligé de fermer certaines salles de bloc et de déprogrammer des opérations en raison d'un manque de personnel. Que vous inspire cette situation ?
Dr. Patrick Pelloux. Une fois de plus nous avons l'exemple de l'action de la politique du gouvernement. A vouloir faire de l'hôpital une entreprise, on assiste aujourd'hui à une situation catastrophique. Le CHU ferme des salles de bloc parce qu'il n'arrive pas à recruter. Aujourd'hui ça se passe à Nantes mais d'autres établissements vont connaître la même situation. On est bien loin du discours sur la volonté de recruter qu'on nous tenait il n'y a pas si longtemps que ça. C'est un véritable scandale ! Surtout quand on fait le rapprochement entre cette situation et les centaines de millions d'euros balancés par la fenêtre lors de la campagne de vaccination de la grippe H1N1.

F.-S. Au début du mois, Roselyne Bachelot disait que seuls 5 à 10 % des lits seraient fermés cet été. En début de semaine vous avanciez le chiffre de 30 %. Qui a raison ?
Dr. P. P. Peu importe les chiffres, ont leur fait dire ce qu'on veut aux chiffres. J'observe simplement qu'on est en train de casser purement et simplement l'un des socles de notre pays qui est le service public hospitalier. C'est d'autant plus paradoxal que les lits fermés à Nantes sont rémunérateurs pour l'hôpital. On a ici résumée toute la logique du gouvernement qui veut que dorénavant les établissements soient payés à l'acte pratiqué mais qui ne donne pas les moyens de recruter pour mener à bien cette activité. On marche sur la tête.

F.-S. Ce problème d'effectifs est récurent dans l'hôpital. Pourquoi la situation ne s'améliore jamais ?
Dr. P. P. Parce que le ministère de la Santé est dans sa tour d'ivoire. A titre d'exemple, depuis 2007, je n'ai plus été reçu au ministère pour préparer les fermetures de lits estivales comme c'était le cas auparavant. Le personnel est totalement démotivé. L'hôpital public est en train de devenir une véritable armée mexicaine. C'est un carnage.
http://www.francesoir.fr/sante/lhopital-francais-dans-une-situation-catastrophique

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