vendredi 13 août 2010

La chasse aux opérations de chirurgie "inutiles" est lancée

Les chirurgiens feraient-ils trop usage du bistouri? L'hôpital public souhaite lancer la chasse aux opérations jugées "inutiles" face au déficit de la Sécurité sociale.

Une initiative de la Fédération hospitalière de France (FHF), qui regroupe les responsables du secteur public hospitalier. Un groupe de travail a ainsi été mis en place, et devrait rendre ses propositions en novembre.

"Tout concourt à augmenter le volume, à pousser l'indication", regrette le président de la FHF, Jean Leonetti. Dans le collimateur du cardiologue et député UMP: le secteur privé, trop apte selon lui à faire passer ses patients sur la table d'opération. "Les médecins sont rémunérés à l'acte dans le privé. Dans le public, ils sont soumis à la règle de tarification à l'activité", explique-t-il.

"C'est facile de dire que le privé dérive car on est payé à l'acte", rétorque Lamine Gharbi, de la Fédération de l'hospitalisation privée (FHP). "Sur la pratique médicale, il n'y a pas de polémique public-privé. Dans le Languedoc-Roussillon, il y a eu une étude sur les appendicectomies: dans le privé et le public, il y a des bons et mauvais élèves", assure-t-il, soulignant que la FHP mène une réflexion sur les actes inutiles de son côté.

Disparités géographiques

Mais qu'est ce qu'une opération "inutile"? D'après la FHF, il s'agit d'opérations non justifiées par des raisons strictement médicales, ou qui ne s'imposent pas. Ou encore de nouvelles techniques et de diagnostics trop rapides.

Des disparités géographiques illustreraient le problème, d'après la FHF. "Si on met dix fois plus de 'yoyos', ces petits drains, dans les tympans à tel endroit plutôt que dans le reste de la France, il y a plusieurs solutions. Soit les enfants français sont mal soignés, soit on en met trop à tel endroit, soit il y a une déviation de la pratique", analyse Jean Leonetti.

Autre exemple, la dilatation des artères coronaires, cinq fois plus pratiquée dans certaines zones PACA qu'en Pays-de-Loire. Des statistiques qui résistent à une pondération avec l'âge des populations.

L'habitude

"La raison principale pour expliquer ces disparités et certains actes inutiles, c'est l'habitude de la pratique: 'On m'a appris comme ça' ou 'On a toujours fait comme ça'", affirme le député. "Ce n'est pas par plaisir ou par goût du lucre. Les considérations économiques peuvent aussi jouer un rôle, mais elles sont un des éléments, et pas l'élément déterminant."
Entre 5% et 10%" des opérations chirurgicales seraient ainsi superflus, d'après le cardiologue. Mais pour le Dr Philippe Cuq, président de l'Union des chirurgiens de France, "aucune étude ne peut appuyer ces chiffres".

"Ces disparités peuvent s'expliquer par la répartition des médecins sur le territoire. Plus il y en a, plus il y a de soins", analyse-t-il à son tour.

La FHF laisse à la Haute autorité de santé (HAS) et aux "sociétés savantes" de médecins le soin d'évaluer les chiffres de la bonne pratique. Avec à la clé des sanctions.
http://www.lexpress.fr/actualite/sciences/sante/la-chasse-aux-operations-de-chirurgie-inutiles-est-lancee_911986.html

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