À l’origine, «l’immeuble» était une maison familiale avec rez-de-chaussée, 1er étage et grenier. Les gérants de PCV Immo ont découpé l’ensemble en trois appartements, démarche entérinée début 2009 par les services de l’urbanisme. Problème: le 1er étage du jeune couple est seulement séparé du 2e étage par un plancher à grenier…
1/ Vite, tout va mal
Les nuisances sonores apparaissent. «On nous a dit que tout allait rentrer dans l’ordre, en gros on est des professionnels, tout va bien…», soupire M. Cimolai. En février 2010, des travaux de «réhabilitation interne» sont entamés au 2e étage par une entreprise dont le gérant est également le cogérant de PCV Immo.Pour Mme Guégan, alors en congé maternité suite à la naissance d’un premier enfant, le quotidien devient véritablement infernal. «J’entendais le moindre bruit, le moindre mot, se souvient-elle. Je m’inquiétais également de la solidité de l’ensemble.»
Car c’est bien tout le souci: la structure même de «l’immeuble» ne correspond pas à l’aménagement réalisé par PCV Immo. Aux voisins, au promoteur, à l’entrepreneur, au syndic, le jeune couple évoque les nuisances subies. Pourtant, rien ne bouge.
2/ Avocat et expert
A l’été 2010, Christelle Guégan et Simon Cimolai engagent un avocat. Celui-ci demande d’abord par courrier des renseignements à la société de marchands de biens. Pas de réponse. L’avocat ordonne alors un référé. Un expert judiciaire est nommé. Les mois passent et le quotidien reste «impossible» pour les résidents du 1er étage.L’expert judiciaire finit par arriver à la rue Saint-Thierry. Les conclusions de son rapport, rendu le 30 juillet 2012, sont sans appel: le delta sonore se révèle «20 décibels» supérieurs aux normes acoustiques, ce qui est «énorme», appuie-t-il. Il note aussi: «On peut véritablement s’interroger sur le professionnalisme de PCV Immo»… «Là, on était quand même soulagé parce qu’à force, on finissait par se demander si on entendait des voix», tente de sourire M. Cimolai.
En outre, l’expert affirme qu’il n’y a «pas de solution technique» au problème d’isolation phonique. «Hormis peut-être tout refaire et couler une dalle de béton entre le 1er et le 2e, ce qui serait trop onéreux», confiait, lundi, l’avocat du couple. PCV Immo demande la nullité du rapport d’expertise. En vain.
3/ Premier procès
L’histoire continue de s’écrire devant les tribunaux: le 13 mai 2013, la 1re chambre civile du tribunal de grande instance de Reims donne entièrement raison au jeune couple, relevant les «graves vices cachés» de l’appartement acheté.Le jugement prévoit l’annulation de deux ventes, celles du 1er et du 2e étage. PCV Immo, comme c’est son droit le plus strict, fait appel de cette décision.
4/ Deuxième procès
Le 24 juin 2014, la cour d’appel de Reims confirme le premier jugement «en toutes ses dispositions». Le couple Guégan-Cimolai peut donc croire au remboursement de son achat immobilier…5/ Au tribunal de commerce
Nouveau rebondissement le 12 septembre dernier: PCV Immo dépose au tribunal de commerce une déclaration de cessation de paiement (DCP). Traduire: une demande de mise en liquidation judiciaire. Un souhait entériné quatre jours plus tard en audience «alors que les deux appartements du 1er et 2e étage du 24, rue Saint-Thierry viennent de retomber dans leur patrimoine, souffle à son tour l’avocat du couple Guégan-Cimolai. Cette liquidation ressemble fort à une manœuvre grossière pour permettre à un débiteur d’organiser son insolvabilité.»L’enjeu financier du dossier avoisine tout de même le demi-million d’euros, valeurs cumulées des appartements du 1er et 2e étage selon les estimations du tribunal. Notons aussi qu’un des deux gérants s’est retiré de PCV Immo, laissant la place à… son père. Et que le désormais ancien gérant de PCV Immo possède toujours plusieurs sociétés civiles immobilières (SCI) en activité. L’interminable feuilleton peut donc reprendre: l’avocat dépose une tierce opposition au jugement de liquidation afin de contester le jugement du tribunal de commerce. L’épilogue de cette épopée reste donc à écrire.
6/ Et pendant ce temps-là…
Cinq ans après l’achat, Christelle Guégan et Simon Cimolai, qui ont fini par déménager au début de l’été, continuent de rembourser leur appartement sans pour autant pouvoir le louer…«La vente est annulée donc ils ne sont plus les propriétaires mais comme ils n’ont été remboursés de rien et que le propriétaire est en liquidation judiciaire… Pour le moment, la situation reste inextricable», regrette leur avocat.
http://www.lunion.presse.fr/region/quand-l-achat-d-appartement-tourne-au-cauchemar-pour-un-ia3b24n427725
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